vendredi 30 septembre 2016

Ça Turbine au pays de la Sardine ...

Trois petits tours, trois petits jours sur Hoedic et même si la fatigue de cette dernière traversée n'est pas complétement oubliée, nous pouvons faire route vers la Turballe.

L'équipe d'accueil est super sympathique et nous trouvons une petite place pour caser Jingle sans trop gêner l'entrée au port. Sébastien de Atlantique Gréement, avec qui nous étions déjà en contact, passe nous voir et nous file des tuyaux sur les différents professionnels locaux pour les différents travaux que nous avons à réaliser. Car nous sommes ici pour travailler sur le bateau :

- Remplacement global du gréement, nous en profiterons pour démonter/contrôler/refixer les platines de fixations de poutre et galhaubans.
- Remplacement des 2 ensembles moteur/saildrive, nous en profiterons pour ré-aménager et repeindre les cales moteurs.
- Remplacement des Plexiglas de carré et de coque. Nous en profiterons pour y insérer des hublots ouvrants.
- Remplacement du trampoline, nous en profiterons pour modifier le type de maille de celui-ci.
- Remplacement de la sellerie intérieure et de notre matelas de lit (il à 8 ans, il est temps!)
- Installation d'une buanderie avec lave-linge
- Remplacement des joints d'étanchéité de salles de bains
- Remplacement de la robinetterie, miroirs, luminaires...
- Modification et création de placards de stockage et rangement
- Création d'un "espace atelier" avec établi
- Révision unité de puissance du pilote, éolienne et moteur hors-bord de l'annexe...

Habitué aux chalutiers de 200 tonnes, nos 12 tonnes sont légères ...
Nous n'en sommes encore qu'a prendre des rdv avec divers professionnels qu'une vedette des douanes arrive dans le port... Ces messieurs viennent nous voir et contrôlent les papiers du bateau, qui est immatriculé en Martinique (France):

- Vous importez le bateau ? 
- Non, nous sommes de passage en métropole pour réaliser des travaux.
- Peut-être ... mais les douanes considèrent cela comme une importation, vous devez payer la différence de TVA entre la Martinique et la France, soit 10% de la valeur du bateau ... (gloups)
- Nous ne restons que 3 mois, cela doit être considéré comme une "importation temporaire" ?
- Oui, mais dans ce cas vous auriez du faire une demande "avant" de partir de Martinique. Celle-ci n'étant pas faite, vous êtes redevable d'une amende.
- De combien ?
- De 10% de la valeur du bateau ... 

Le piège s'est refermé ...



Cela fait à peine une journée que nous sommes dans un port de France, et en guise d'accueil, nous nous heurtons à la compréhension légendaire des douaniers, très au dessus du panier du reste des fonctionnaires inutiles (car certains sont indispensables) ... Le lendemain, nous passerons 5 heures dans leur bureau sur la vedette à comprendre, puis abandonner devant un mur d'ouverture d'esprit et de compréhension. Nous l'apprendrons plus tard, la loi n'est pas aussi rigide que cela et un "retard" de déclaration peut tout à fait se rattraper, cela dépend de l'humeur et du niveau d'humanité de la personne que l'on à en face de soi...

Lulu, la grue nantaise, en action ...
Bon, c'est pas le tout mais on a du boulot, faut que ça turbine !
Primo sortir le bateau de l'eau, l'élévateur de 340 tonnes s'en chargera sans aucune difficultés.
Puis commencera la valse de voiture de loc à aller chercher, des échelles à emprunter, du démontage du mat, de la poutre, du pilote, de l'éolienne, des moteurs in-board/hors-bord, décapage, découpage, découvertes, déconvenues déconcertantes et solutions à trouver...

La cale biaise ...

Entres autres nous découvrons, par voie officieuse mais sérieuse, que Fountaine-Pajot s'est trompé dans certaines longueur de haubans/étai et que l'usure prématurée de notre mat en est le résultat direct. De plus notre embase de mat n'est assez inclinée pour obtenir la quête de mat nécessaire. L'ensemble sera réglé, après quelques jours de recherche, de documentation et d'imagination, en coupant le pied de mat de 7cm afin d'ôter la partie devenue dentelle, puis de compenser la partie manquante par une cale biaise reprenant l'angle qu'on aurait du avoir au départ. Du temps, du calcul, du dessin mais la solution sera très acceptable au final.

Résultat satisfaisant
Nous allons galéré sévèrement lors du démontage de nos plexi. En effet, ceux-ci ont été collés avec une "colle" qui laisse perplexe les professionnels confrontés au problème. C'est un mécanicien qui nous trouvera l'hypothèse la plus probable: c'est de la colle de pare-brise de voiture bon marché (bravo Fountaine-Pajot encore) qui aurait été utilisée. C'est sans doute pour cela que cette colle ne résistait pas aux UV de la Caraïbe, séchait, coulait, salissait le pont mais n'était plus étanche. Nous avions quand même du faire un joint temporaire au silicone autour de tous les hublots avant notre traversée. Huit heures à deux personnes nous auront été nécessaire pour démonter "un" hublot ... Une semaine complète à ne faire que ça, plus 2 heures d'ostéopathe, seront donc nécessaires à cette tâche, puis nettoyage des zones de joint, ponçage, décapage... Étrangement, la pose des nouveaux vitrages ne prendra qu'une journée ...



Les vitrages sont enlevés, maintenant faut préparer la venue des nouveaux ...


Le choix du lave-linge en fonction des programmes basse-conso et surtout en fonction de sa
géométrie fait, nous pouvons faire courir du câblage 220v à travers tout le bateau, prévoir une alimentation à température contrôlée et une évacuation. Puis construire un châssis et des attaches solides, imaginer quelques étagères à lessive et autres produits sanitaires et rendre le tout à peu près joli. La mise en place du lave-linge par lui même fut court car bien mené mais assez épique avec l'un dedans à pousser, tirer, jurer sur la machine suspendue à la drisse de GV qui passait par un hublot de pont et l'autre dehors au winch à déterminer si les cris entendus étaient "monte", "descend" ou simplement un vocable Hadockéen... Elle est en place, et nous l'avons regardé tourner le soir comme hypnotisés devant un écran télé ...

Les semaines passent, les aller-retour au Brico du coin se multiplient, les prises de côtes, les crobards et découpes se poursuivent et ne sont interrompus qu'avec nos proches qui viennent nous encourager et nous extirper un temps de notre labeur pour aller manger quelques sardines. Car la Turballe est un grand port de pêche, le 7ème du nom en France tout de même. Nous vivons au milieu des chalutiers, certains très proches de nous car au chantier comme nous pour maintenance annuelle ou pas très loin dans le port qui est à deux pas et qui, 24h/24 et 7 jours sur 7, remplissent leurs cales de glace, partent plusieurs jour à la recherche de, suivant la saison et le type de bateau, anchois, sardines, thons... De là où nous sommes nous pouvons les voir débarquer le produit de leur pêche, dérouler les chaluts à terre pour réparation, démonter des hélices grandes comme un homme, tronçonner des éléments tordus dans les manoeuvres de pêche, souder, peindre ... On en a appris beaucoup à notre grand bonheur.

Plus de mat, de poutre, de martingale, de trampoline, de hublot, de moteurs ...

Va falloir faire quelque-chose pour la déco ...


Puis nous commencerons à remonter des choses sur le bateau, gréement, hublots, sellerie intérieure, cordages, électronique, etc ... Jingle recommence à avoir l'air d'un bateau. L'appel de l'eau se fait sentir.
Une petite peste de panne électrique aléatoire, qui nous a cramé 3 boîtiers électronique de moteur, nous a fait suer une bonne semaine et a encore retardé notre départ de la Turballe.

Nous y sommes restés presque 3 mois, l'atmosphère et l'ambiance nous ont plu. On reviendra ...

Trampoline en PVC soudé ...

Nouveaux coloris d'intérieur ...
Après destruction des anciens aménagements                                      Après reconstruction

Bâbord: pendant le démontage de l'existant                   -                     Après reconstruction ...

Sardines, patate au four, muscadet ... Une trilogie du bonheur simple qui fonctionne ...

Nos couchers de soleil pendant près de 3 mois ...