jeudi 7 avril 2016

Et pour quelques milles vers l'Est de plus ...

Route de collision avec un grain au petit matin ...
Saona est une jolie petite île. Peu peuplée, elle se remplie toutefois tous les jours de 11h à 15h de
« touristes de masse » tout frais débarqués des paquebots et qui déboulent en bateaux de charter ultra-motorisés et viennent, en quelques heures, se remplir de rhum pas cher, de poisson mal cuit et prendre un maximum de coups de soleil sur les plages de sable blanc comme leur peau en arrivant... Le reste du temps, l'île est à nous, seuls 3 voiliers sont au mouillage dont le bolide à 2 coques de nos amis Néerlandais sur Bella Ciao.

Nous patienterons une bonne semaine dans ce décor venté, puis … Miracle, mardi matin le vent disparaît comme prévu (comme quoi ça arrive). Nous pouvons nous mettre en route, on hisse la voile, on démarre les moteurs (enfin un seul), on lève l'ancre et on dégage, les petits déjeuners seront, comme habituellement, pris en mer. On contourne l'île de Saona par le sud puis on fait cap au Sud-Est dans un premier temps pour éviter les récifs de Bajos del Caballo et ainsi bien s'écarter de la pointe extrême sud du pays qui est aussi l'entrée du « passage Mona ». Une petite brise de sud-est se lève, nous pouvons prendre un cap vers l'Est. Cette brise et les courants nous feront faire une sinusoïde mais globalement la route sur le passage s'effectue sans encombre pendant les 24h de cette traversée vers Porto-Rico.



L'effet de pointe à l'approche de Cabo Rojo (le Cap Rouge) nous empoisonne d'une belle refusante, nous devons donc virer puis le vent disparaîtra avec le jour qui se lève. Notre vieillissant mais encore vaillant Volvo prendra le relais pour longer le sud de Porto-Rico. Notre idée est de s’arrêter rapidement à la Marina de Poncé pour faire le plein de fuel et repartir sans faire nos formalités... Nous arriverons effectivement au ponton carburant vers 14h en espérant repartir au plus vite pour conserver le bénéfice de cette fenêtre météo favorable... C'était hélas sans compter sur le désagréable et inutile zèle du responsable de la marina qui interdit au pompiste de nous servir si nous ne faisons pas de déclaration douanière et d'immigration aux autorités. Nous sommes déjà venus à Ponce, il y a 3 ans, les bureaux sont en ville, il faudrait sortir du (grand) complexe de la marina à pied puis trouver un taxi et faire la queue pour de la paperasse inutile dans le sens ou nous quittons le pays aussitôt les papiers d'entrées tamponnés. Je maudis ce vilain personnage empêcheur de tourner en rond mais avant toute choses nous passons un coup de fil aux autorités pour avoir confirmation de l'obligation des formalités. Elles nous le confirment, hélas, mais nous apprennent, heureusement, qu'une équipe est en déplacement à la marina et qu'ils les contactent pour leur demander de passer sur le bateau... Une lueur d'espoir naît... Une voiture de patrouille arrive 3 minutes après avoir raccroché, 2 officiers (une femme et un homme) compréhensifs et courtois – on est aux US – montent à bord et intègrent parfaitement et rapidement notre situation. Les formulaires sont remplis en 4ème vitesse puis tamponnés, nos visas américains permanents sont en règle, nous pouvons faire le plein de diesel et repartir rapidement...

Le ponton carburant de Porto Rico ...


Une brise de terre s'est levée et avec la mer plate, car nous sommes sous le vent de l'île, nous filons 9 nœuds en ligne droite... Nous rêvons et imaginons pouvoir aller ainsi jusqu'aux Iles Vierges Britanniques. Notre rêve durera 50 milles, puis au milieu de la nuit nous arriverons à l'extrémité Est de l'île ou cette jolie brise thermique laissera la place à un fort vent de 23 nœuds établi et de face que nous prendrons comme un boulet de canon. La mer se forme très rapidement et la fin de nuit sera un enfer. Nous tirons des bords à l'efficacité désastreuse. Face à cette météo non-prévue, il est temps de sortir le plan B – oui, il y a toujours un plan B – et faire route sur Vieques, la première île après Porto-Rico. Nous sommes au petit matin et avançons péniblement vers le mouillage du plan B quand de gros grains isolés font leur apparition... Dont un qui croise notre route... On le laisse un peu s'approcher car il a peut-être le temps de se dissoudre avec la chaleur du jour qui se lève. Monsieur gros grain ne se décide pas à se disparaître malgré la proximité de notre abri, nous devons virer aux premières rafales à 27/28 nœuds. La houle est plus « ronde » sur l'autre bord, on débride de 5° et Jingle accélère pour fuir le grain.

Si on continue comme ça, dans 400 milles on est aux Grenadines, c'est joli aussi mais ce n'est pas du tout notre destination. On vire après 20 milles. Les grains sont partis, on peut donc se rapprocher à nouveau de Vieques. Dix milles plus loin, une belle et aussi inattendue qu'inespérée adonnante nous autorisera à gagner en cap et, ainsi, pouvoir passer Vieques par l'Est, de peu, certes car nous ne sommes passés qu'a quelques centaines de mètres des cailloux mais c'est passé. L'adonnante donne encore un peu et se calme et nous poussons ainsi le bouchon d'une vingtaine de milles supplémentaires jusqu'à St Thomas, la plus grande des Îles Vierges Américaines. Ce soir nous allons pouvoir dormir au calme.

Les Îles Vierges ...


Il fait nuit noire quand nous arrivons dans la petite baie de Brewer's Bay, plusieurs bateaux y habitent déjà et l'endroit est bien encombré. Nous entendons à la radio «  Au bateau qui arrive a Brewer's Bay, voulez-vous un radio-guidage pour vous aider à mouiller dans la baie ? » - et après on me demande pourquoi j'apprécie les voyageurs anglo-saxons... - je répond évidemment par l'affirmative et suit le guidage qu'on me propose, l'ancre est plongée, mon nouvel ami d'Ocean Wing et désormais voisin est remercié, il est 20h... Pas trop tard pour un apéro ? Hein ? … Puis une bonne douche chaude, une gamelle bien remplie et au lit !

Il est plus de 10h quand nous émergeons... Nous sommes encore un peu fourbus mais bien reposé. Nous nous sommes aperçus qu'un des bossoirs – les supports de l'arrière du bateau ou est suspendu notre dinghy – avait pris un angle bizarre dans nos cabrioles par mer formée. La journée sera passée à cette réparation. Demain nous partons pour Charlotte-Amalie la capitale de l’île située dans la baie du même nom, c'est mieux protégé et plus facile d'aller à terre...


La bataille vers l'Est s'est poursuivie, nous avons encore gagné quelques 220 milles en en parcourant 267 au total en réduisant notre vitesse à 4,5 nœuds pour gagner en cap. Ce n'est pas fini, mais nous commençons à en voir le bout. Courage !



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