samedi 1 mars 2014

L'île au 100 noms

Cinéma d'un autre temps... 4 films y tournent en boucle...
Nous sommes début Janvier et le temps s'améliore légèrement, mais les fronts froids qui se succèdent nous rappellent tout de même que nous sommes en hiver. En effet, 30 à 40 noeuds de vent sont courants et nos mouillages, ainsi que nos navigations, doivent se faire avec prudence.
Début d'après-midi, vent léger, nous filons grand-largue en direction de la Isla de la Juventud, le vent passera travers puis bon plein, nous arriverons le matin dans la baie de Siguanea. C'est dans cette même baie que Christophe Colomb mouillera en 1494 lors de la découverte de l'ile. Il la baptisera San Juan Evangelista. Cette fois-ci pas de carnage parmi les indiens habitants de l'île, les Siboney, car ceux-ci ont quitté l'île quelques siècles auparavant, seules quelques peintures rupestres prouvent leur présence.
L'île sera rebaptisée Santiago par le premier administrateur de Cuba au 16ème siècle. Oubliée des colons elle devient vite un repaire des différents pirates agissant dans le secteur, parmi eux quelques grands noms de la flibuste, Francis Drake, Henry Morgan et Jacques de Sores. Dans les chroniques de l'époque (du 16ème au 18ème siècle), elle sera rebaptisée "la Isla de los Piratas" (pas besoin de traduire...). On entend dire, mais c'est à prendre avec des pincettes, que c'est cette île-ci qui aurait inspiré Stevenson pour son Île au Trésor en 1883, ce n'est pas la première île dans laquelle nous entendons ceci donc prudence...

Décoration cubano-soviétique pour cette place au charme réservé à ceux qui aiment le béton ...

En 1830, les autorités espagnoles reprennent le controle de l'île et la nomment Colonia Reina Amélia, créent la ville de Nueva Gerona et y implantent un bagne. En 1898, quand Cuba acquiert son indépendance, les américains excluent l'île du territoire Cubain mais en 1925 elle est restituée, sous le nom de l'Île des Pins. Cuba y ouvrira un "pénitencier modèle" l'année d'après, qui accueillera Fidel et ses fidèles (désolé, il fallait que je la fasse) en 1953.
C'est après la victoire de Castro en 1959 que celui-ci décide de développer cette île dépeuplée et sinistrée, il y envoie donc des milliers de jeunes "étudiants-travailleurs" cubains et étrangers pour défricher des hectares de plantations d'agrumes, construire des dispensaires et des "centres universitaires". Ce sera dorénavant la Isla de la Juventud, l'île de la Jeunesse. L'idée est d'en faire un campus à la communiste, auto-suffisant et enseignant autant les matières scolaires que les bienfaits du travail collectif. Les affichent présentent de jeunes enthousiastes et instruits quittant leurs blocs dortoirs construits par leurs soins pour rejoindre leurs durs labeurs aux champs, la binette sur l'épaule, le sourire de ceux qui ont tout compris et un foulard rouge noué autour du cou... Hélas, l'idée une fois confrontée à la réalité ne fonctionnera que très mal. L'île n'accueillera dans son "centre de l'internationalisme communiste" que des "étudiants" du tiers-monde puis cessera toute activité lors de la chute du bloc communiste. 

La boucherie, déserte et vide, pourtant accueillante ...

Quartiers résidentiels de Nueva Gerona, pour peu qu'on quitte la rue principale...

Aujourd'hui, tous les blocs dortoirs et les centres universitaire sont à l'abandon, faute d'intérêt et de maintenance, les panneaux de propagande hier fièrement implantés sur les toits n'ont pas résisté au dernières tempêtes et pendouillent, rouillés et inutiles. On ne trouve plus que des plantations abandonnées et en friche, seules quelques fermes subsistent et des travailleurs (plus étudiants du tout) arrivent à sortir une production non-mécanisée de type mono-culture de cette terre pourtant fertile. Quand on y était c'était le moment de la tomate, on a donc acheté de la tomate, c'est bête, on aurait aussi aimé des ananas et des bananes...

Mode de transport "bio" ...

Dernier soubresaut d'autorité, les gardes frontières demanderons a ce que nous allions les chercher en annexe afin qu'il viennent sur le bateau pour le fouiller et remplir les documents nous autorisant à débarquer, ce sera le même cinéma à notre départ. Une fois à terre, la "marina" n'est en fait qu'un quai en béton ou sont amarrés les bateaux de plongée du "complexe hôtelier" d'à coté. En réalité très peu de monde dans ces blocs de béton décrépis mais le personnel et au complet, payé à nettoyer des chambres vides. Le bus du personnel fait la navette et sert à tout le monde, nous l'emprunterons donc pour aller à Nueva Gerona, la capitale de l'île. Ambiance bon enfant dans le bus autant qu'en ville, peu de circulation car peu de véhicules, les vélos et les voitures à cheval font concurrence aux camions transformés en transport de personnes, la ville parait suspendue en dehors du temps, comme oubliée par le continent. Elle se débrouille donc seule avec le désormais universel Système D et l'entraide de ses habitants pour pallier à la pauvreté générale et au manque de tout. Nous n'y trouverons pas grand chose et, après une pizza (cubaine...) et une bière (cubaine aussi...) nous paierons notre addition (3 CUC soit 2 euros!) puis nous rentrerons au bateau... avec nos tomates...

Les gamins pratiquent le sport national, le baseball, dans la rue... comme tous les gamins du monde ...

La poste ...

Le magasin général, ne vous trompez pas sur sa taille, il est aussi profond que large...

Un vieux Ford américain recyclé en transport ...

2 commentaires:

  1. Nous avons repris goût aux reportages photos et articles et attendons la suite.
    Heureusement que vous dormez et mangez sur Jingle !
    Bisous très fort à tous les lecteurs restés dans la pollution.
    Maryvonne

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