Non que nous soyons à la recherche d'un record car nous sommes loin derrière beaucoup de voyageurs hauturiers mais c'est avec autant de satisfaction que de surprise que nous venons de nous rendre compte que nous avons dépassé les 10.000 milles nautiques à naviguer ensemble...
En effet, notre "loch" précise 11.063 milles de découvertes. Découvertes au pluriel, car nous avons du découvrir notre premier bateau, puis un deuxième bateau, mais aussi et surtout "nous" découvrir. La découverte individuelle et du couple se fait irrémédiablement à bord d'un bateau, car se dire que l'on est un voyageur et que nous sommes fait l'un pour l'autre est mis a rude épreuve sur un bateau et la sentence est immédiate. En ce qui nous concerne, bien que notre rythme "social" de croisière ait bonne vitesse et bonne allure, n'allez pas croire que nous vivons en permanence dans un monde de Bisounours, ce serait mentir que d'omettre la présence de quelques réflexions bien senties dues aux tensions du fait de la fatigue, du stress, du manque de sommeil ou du caractère de cochon de certains membres d'équipage même dans les plus hautes fonctions (parait-il ...). Le tout est que "l'ensemble " reste globalement harmonieux.
Puis nous avons découvert la vie en mer, celle qu'on ne peut hélas pas connaitre avant d'essayer, celle qui consiste à vivre sur son bateau en navigation pendant des jours et des jours sans voir la terre ni avoir accès à son confort. Celle-ci consiste à se créer et se régler une vie propre, un rythme en harmonie avec les éléments et les impératifs de la navigation, la journée puis la nuit. Elle demande aussi de l'imagination, de la créativité et une bonne dose de richesse intérieure pour se suffire de si peu d'espace, même si le terrain de jeu est grand.
Nous avons découvert des gens aussi. "Les" gens du vaste monde de la plaisance, de ceux qui font des sauts de puce pendant quelques mois et repartent se faire une santé dans leur pays d'origine jusqu'à ceux qui vivent non-stop sur leur bateau, ceux aux budgets de ministre (même en retraite) et ceux "low budget". Puis il y a les "simples" qui se retrouvent le soir même de leur rencontre à bord de ton bateau et les "compliqués" qui mettent une semaine a dire bonjour... Pourrait-on dire qu'on retrouve finalement un peu la même segmentation que parmi les "terriens" ? Et bien, un peu oui, sauf (heureusement) dans les endroits les plus reculés, les endroits ou il faut investir de sa personne autant que de temps pour y accéder. De toutes façon, nous avons appris rapidement une chose essentielle, c'est de faire le tri. On préfère les gens sympas, tout simplement.
Puis, bien entendu nous avons découvert des endroits j'allais dire "merveilleux", oui mais pas "que" merveilleux. Il est de ces endroits ou le charme n'opère pas, soit parce que ce n'est pas le bon moment (de notre fait ou pas), soit qu'on s'attendait à "autre chose" et il faut donc se désaccoutumer à l'idée initiale puis revenir plus tard, soit que ce qui existe ne nous intéresse tout simplement pas. Certains endroits sont moches et ont un charme fou grâce à l'ambiance des gens qu'on y trouve et vice-versa. Personnellement, nous avons un avantage énorme car même seuls et dans un endroit moche, on arrive a se sentir bien, on met de la musique, on cuit un far et on sort un bon bouquin pour aller se caler dans une bannette et sentir les mouvements de l'eau et le plaisir nous submerge ...
Heureusement il y a aussi des endroits ou "tout est bon comme dans le cochon", et je crois que notre traversée pourtant rapide des Bahamas nous a remis les pendule à l'heure sur le sujet. En effet on y retrouve gentillesse et amabilité car nous sommes en dehors des "circuits touristiques à vacanciers" car bien que l'archipel des Bahamas soit connu mondialement, il compte plus de 700 îles et îlots disséminés sur environ 260 000 km² dont seule une vingtaine sont habitées il est donc facile de trouver "son" île déserte et merveilleuse !
Le bilan de ces 10.000 milles que nous venons d'écrire à l'encre turquoise est que nous sommes prêts pour les 10.000 suivant et les 10.000 d'après !
Salut les breizhous ! Merci à vous de nous avoir fait faire ces 11000 milles avec vous, par la pensée, sur ce blog ou à votre bord (parfois même les trois, pour les plus chanceux !).
RépondreSupprimerJe ne peux que confirmer le caractère affirmé, pour ne pas dire bien trempé, des deux membres d'équipage (de cochon pas forcément, mais breton assurément) et qu'il ne faut pas être entre ces deux là quand un grain éclate et vient un peu perturber la douce quiétude de la vie du bord ! ;-)
Bien heureusement, ils sont tous deux dotés d'une belle intelligence (ce qu'Eric appelle sans doute la richesse intérieure, mais pas seulement) et savent qu'après la pluie... vient le beau temps... avec un joli arc-en-ciel en prime !
Kenavo les zamis, nous aussi sommes prêts pour vos prochains 10000 !!!
Nous supposons que vous les avez bien fêtés (les 10 000) s'il vous restait quelques boissons à bord, avant d'aborder les cotes américaines, soumises peut - être à la prohibition ?
RépondreSupprimerVous embrassons
maryvonne et jean paul
Le sujet de cet épisode est bien entendu magnifique, mais j'ajouterai qu'il est fichtrement bien écrit; intelligent, gourmand et émouvant. Belle plume en plus des belles voiles... quel équipage ! Biz de Syb.
RépondreSupprimerSuperbe photo, digne de la couverture de Voiles et Voiliers et de Catamaran Magazine a la fois!
RépondreSupprimerBravo et bon vent pour beaucoup de milliers de mills encore