Nous quittons donc notre petit port
bahaméen avec la tristesse de quitter cet archipel enchanteur mais
nous savons que nous allons y revenir l'hiver prochain. Dernière
navigation bahaméenne, comprenez slalom entre les bancs de sable et
les têtes de corail non repérées, puis nous hissons la toile cap
vers les Zétazunis ... Hélas, le peu de vent encourageant que nous
avons au début s’essouffle rapidement et les 2 Volvo sont mis a
contribution... un peu ... beaucoup ... Le lendemain matin, nous
sommes toujours au moteur, overdose de moteur. Nous étions en manque
d'énergie, ce n'est plus le cas, nous étions en manque d'eau, ce
n'est plus le cas, overdose d'énergie et d'eau. A l'avant du bateau,
nous avons même installé un brumisateur avec le jet d'eau contre le
vent et nous jouons comme des gosses à se faire mouiller en sautant
sur le trampoline... c'est bon d'être un enfant... Notre
accumulateur de pression en profite pour nous déclarer une fuite
dans un endroit inconfortablement placé mais qui sera jugulée à
l'époxy.
Un lever de soleil ... Impossible de s'en lasser ... |
Le vent se lève... un peu... beaucoup. Des grains menaçant nous entourent et crachent leur mauvaise humeur en grondant... On les surveille en modifiant notre route de notre mieux. Changement de quart, le vent s'est bien levé, nous sommes sous 1er ris-foc4/5, je précise a Sandrine de bien surveiller un grain qui nous "chasse" et se rapproche. J'ai à peine le temps de m'allonger quand le tonnerre se fait entendre, mes yeux refusent de se fermer et mes oreilles restent aux aguets. Les éclairs se multiplient et quand j'entrouvre les rideaux pour jeter un œil, c'est apocalyptique. C'est une juxtaposition de toiles d'araignées électriques et je vois la foudre tomber un peu... beaucoup trop près du bateau. Je monte, on empanne et on file à 90° de l'axe du grain et de notre route par conséquent. Le grain de derrière semble se calmer et un autre se forme devant, re-empannage et prise de ris. Le vent s'est levé, la mer aussi. Le ciel n'est qu'un nébuleuse d'encre noire et anthracite, ou pourrait toucher les nuages, les embruns nous fouettent à l'horizontale, la mer devient un peu... beaucoup... très très grosse, 3ème ris-foc 1/5. Nous sommes évidemment passés en mode "combat" avec tenues appropriées, les cirés sentent un peu le moisi mais pas pour longtemps...
Après le coup de vent ... |
La pluie frappe les visages et se mélange aux embruns
salant ainsi et rinçant tour a tour les lèvres. Je remercie cette
étincelle de lucidité que j'ai eu plusieurs jours avant qui m'a
fait réinitialiser tout le système de pilotage automatique et de
revoir tout le paramétrage... ça fonctionne, ne reste plus qu'a
gérer les déferlantes afin de n'être ni trop de travers par
rapport aux crêtes, ni trop en piqué lors de des longues et
affolantes glissades entre 12 et 14 nœuds. On règle les voiles, on peaufine le réglage du pilote, ça tient bien mais il faut tout de
même être présent et barrer pour être bien sur les vagues. Ces
dernières deviendront réellement impressionnantes car le vent à
dépassé les 40 nœuds établis, c'est un sentiment de
vertige qui nous atteint parfois devant les montagnes d'eau qu'il
faut escalader puis dévaler, nous estimons les creux à 6m (entre
5,5 et 7,5m on l'apprendra plus tard), les déferlantes passent pas dessus le bateau... C'est humide ...
On est ravis du comportement sécurisant de Jingle, en effet, dans ces conditions ou pourra même border un peu (... pas beaucoup) pour gagner en réactivité en sommet de vagues pour mieux passer. Nous conserverons approximativement notre route initiale, c'est une chance car c'est la houle avec ses déferlantes régulières qui commande. Dans ces conditions dantesques, il est bon d'être en hauturier avec de l'eau à courir car on peut abattre ou lofer sans crainte. Cela va durer 20 heures – c'est un Force 9 – On à des surfs a plus de 15 nœuds sous 3 ris.
On est ravis du comportement sécurisant de Jingle, en effet, dans ces conditions ou pourra même border un peu (... pas beaucoup) pour gagner en réactivité en sommet de vagues pour mieux passer. Nous conserverons approximativement notre route initiale, c'est une chance car c'est la houle avec ses déferlantes régulières qui commande. Dans ces conditions dantesques, il est bon d'être en hauturier avec de l'eau à courir car on peut abattre ou lofer sans crainte. Cela va durer 20 heures – c'est un Force 9 – On à des surfs a plus de 15 nœuds sous 3 ris.
Le temps va finir par se calmer un peu
(... pas beaucoup) en se stabilisant dans les 30-35 nœuds. L'état de
la mer passera de "grosse (7)" à "très forte (6)"
suivant les critères météo puis "forte (5)". La mer
restera "illisible" tant elle est démontée, c'est un
véritable champs de mine sans cohésion, seule de régulières lames
viendront donner un sens à ce terrain accidenté. Là encore, nous
serons très satisfait du comportement de JINGLE qui, tel un 4x4
surpuissant (on est à 11 nœuds de moyenne) franchira ce type de mer
avec agilité. Nous avalerons ainsi les milles des 24h suivantes au
triple galop. Malgré cette ambiance "course au large" à
bord, on commence à récupérer du manque de sommeil. Le gros du
coup de vent étant passé, les esprits basculent du mode
"franchissement" au mode "navigation" avec tout
le plaisir de voir le bateau filer en laissant un sillage de dragster
derrière lui malgré les coups de bélier des vagues contre les
coques.
This is US-Navy Warship 95, please keep a safe distance ... |
Puis le temps se calmera... un peu ...
puis beaucoup... les ris seront largués les uns après les autres.
Passant d'une extrême à l'autre, nous nous retrouvons en
configuration "petit temps" avec toute la toile dehors et
10 nœuds de vent qui viennent heureusement se positionner au petit
largue (60° du vent apparent) – c'est la seule chose vraie que les
fichiers grib avaient prévu – et une houle résiduelle plein
arrière bien rondouillarde qui nous berce gentiment. Puis le Gulf
Steam se met de la partie (jusqu'ici de travers) et nous offre
parfois 1 à 2 nœuds. Les lignes de pêches sont mises à l'eau et
après 3 échecs (dont 2 de très belle taille), une Coryphène
daignera partager notre repas du soir. C'est ainsi, en glissant littéralement sur un miroir que le vent tombera encore quant nous
serons en vue des côtes américaine (Virginia Beach) le lendemain.
Les 2 Volvo seront donc mis a contribution pour les dernières
heures. Nous franchissons la ligne des 12 milles des eaux
territoriales américaines, nous hissons donc le "Stars and
Stripes" en pavillon de courtoisie (doublé du "Québec"
pour la libre circulation)... Nous sommes aux États-Unis ...
Terre terre... Notre premier regard sur Virginia beach ... |
Nous embouquons les chenaux d'entrée
et croisons des vaisseaux de l'US-Navy qui sortent pour exercice
quotidien. Ils nous préviennent à la VHF qu'ils sont en exercice et
qu'il est préférable de conserver une distance de sécurité... pas
de soucis, nous ne sommes pas de taille pour engager autre chose que
des négociations de toutes façons ... Ça ne rigole pas, tout le
monde est a son poste de combat, mais les marins nous saluent à
notre passage. Les portes-avions, la chasse aérienne et les
différents bâtiments de soutien seront de la partie et nous
offrirons un spectacle que, enfants, nous avions toujours rêvé de
voir. A noter que la base de Norfolk ou nous arrivons est "la
plus grande base navale du monde" doublée d'une base aérienne
à quelques milles de là. Nous poursuivons notre chemin dans le
dédale balisé pour passer le pont-tunnel de Chesapeake bay, nous
sommes accompagnés par de grands bancs de Raies Pastenague de belle
taille. Les autorités se mettrons en contact avec nous pour les
premières formalités, la gestion du trafic et nous souhaitent la
bienvenue aux États-Unis. Les bouées de chenal se succèdent et nous
font longer les portes-avions puis passer un autre pont-tunnel et
nous amènent devant l'embouchure de la Hampton River que nous
remontons tranquillement.
Hampton, l’hôpital vu de la rivière ... |
L'Optimist, mondialement connu, est américain ... |
Nous passerons le lendemain a nettoyer
le bateau, en effet, on ne franchi pas un Force 9 en oubliant de
verrouiller un capot de pont sans représailles aux dégoulinures
salines. Puis nous aurons un accueil charmant au Marine Center d'à
coté avec le traditionnel :"D'ou venez vous- woaw d'aussi loin
– c'est génial – vous restez aux US longtemps – woaw super,
alors soyez les bienvenus aux Etat-Unis", cela reviendra comme
une ritournelle dans les magasins, dans les musées, ... puis nous
gouterons au "Soft shell crab" (crabe à carapace molle)
propre à la baie de Chesapeake dans un de ces "dinners "sortis
des années 60, avant de retourner sur notre bateau entouré des
voiles des gamins du coin en Optimist...
Nous sentons déjà que nous allons
adorer les États-Unis un peu, beaucoup, passionnément...
Brrr quelle nav! Du suspens, de l'action, de la détente, du grand spectacle... le film sort quand?
RépondreSupprimerEn petit joueur, Saltimbanque n'a fait que 5 heures de moteur et pris que 2 ris au petit matin, a l'arrivée a sa nouvelle maison outre-Manche (Newhaven - la - Riante)...
Au fait c' est combien de coups de canon, normalement, pour saluer un catamaran?
PS:donc on a bien noté: "coque d'amis" disponible aux Bahamas l'hiver prochain... mais où est le bouton "book now"?
RépondreSupprimerQuelle aventure! Grosses bises
RépondreSupprimerLydie
HOU ! Quelle lecture ! On sort de là avec le sel des embruns sur les lèvres et on reprend sa respiration...
RépondreSupprimerUn peu de repos US sera bien mérité. Quoi qu'il en soit je note que l'administration américaine n'a pas réussi à me doubler - à grand renfort de Hooo my Goodness - en ce qui concerne l'International Plouf Contest. Je reste the only one. Et je crâne... Big biz de Syb from Troucity.
Ouf. Que de peurs rétroactives ! rien que la lecture me donne des suées.
RépondreSupprimerBeaucoup plus calme sur La Baule et chaleur arrivée.
Vous embrasse très fort
Maryvonne