vendredi 23 janvier 2015

Le cauchemar que j'ai toujours redouté ...

Les formalités de sortie sont effectuées en douceur, nous mettons le cap sur Très Puntas pour la nuit, demain nous partons pour le Bélize.
Les conditions de vent sont particulières – en fait, emmerdantes – car le vent est instable en force et en direction. Cela lève une mer pas toujours très coopérative ni confortable, de plus lors des creux de vent nous devons utiliser le moteur. Heureusement, le charme des îles efface un peu cet inconvénient, mais la nuit le vent tourne souvent et rend les mouillage inconfortables. Nous sautons ainsi d'île en île, alternant baignades, « trouvailles » de langoustes et rencontres avec les requins....



Nous sommes à Ranguana. Lorsque nous sommes arrivés, il y a avait une bouée de mouillage disponible. Généralement payantes, on s'en passe et jetons notre ancre à proximité de celle-ci, nous sommes seuls : tout va bien. Le lendemain, le vent à tourné (encore) et un bateau de charter arrive, il prend la bouée mais du coup se retrouve assez (trop) prêt de nous pour une nuit paisible. Le skipper vient me voir et me dit qu'il connaît très bien le coin et qu'il y a d'autre corps-morts mais sans bouée, il faut donc plonger pour aller y passer un cordage. Serviable et sympa, il me propose même de le faire pendant que je fais ma manœuvre d'approche avec mon bateau. Cela nous permettra de nous écarter de lui et synchronisera nos rayons d'évitage (ou d'évitement je sais plus). Il commence à se faire tard, s'il faut le faire c'est maintenant avant la nuit. C'est parti, une fois sur place, il est dans l'eau et on lui lance 2 amarres qu'il passe dans le corps-mort, on les récupère, on les passe dans les taquets et nous sommes stables. Et c'est là que je m'en voudrais sans doute toute ma vie, même si cela n'aurait sans doute rien changé : je n'ai pas plongé à mon tour pour aller vérifier... (vous la sentez venir?). En effet, le jour tombe, c'est un corps-mort qui ne risque pas de déraper comme une ancre, les 2 amarres sont solides, blablabla. On met une alarme de mouillage quand même et zou.


Il est 1h30 du matin quand Sandrine me réveille car l'alarme s'est déclanchée. Le vent à tourné, l'île est donc derrière nous, c'est sans doute pour ça. Je vérifie le GPS, aussitôt une sueur froide me couvre le corps, nous dérapons... Ce n'est pas la première fois mais là le récif est tout proche derrière nous. Là, tout va très (très très) vite, j'allume l'électronique car il fait une nuit noire, je ne vois même pas l'île qui est maintenant très prêt, puis les moteurs (même le tribord) et hurle pour appeler Sandrine. Le premier choc sous la quille à du arriver à ce moment là, nous sommes en train de nous échouer sur les coraux et un mauvais clapot qui s'est levé avec le vent nous pousse vers la plage. Le sondeur indique 1m10, nous calons 1m20. Je ne vois rien du tout tant la nuit est d'encre. Le bateau est échoué et ne peut plus bouger malgré mes efforts aux moteurs que je fais hurler, j'entends que ça cogne sur les deux coques avec des bruits terrifiants et déchirants, je suis entrain de vivre le cauchemar que j'ai toujours redouté, nous écrabouillons les coraux et je vois la plage à portée de main. Sandrine s'évertue à éclairer les fonds alentours afin de trouver une « passe » pour qu'on puisse se sortir de là, John est à la VHF est appelle le cata voisin afin qu'il viennent nous tracter avant que nous explosons les varangues, Rebecca est transie, je suis aveugle et sens l'impuissance me gagner. Puis … chance, le sondeur indique soudainement 1m20, je fais pivoter Jingle sur ses moteurs et recule lentement moteurs pleine puissance vers cette sortie improbable. Jingle, tel une tortue rampe d'une quille sur l'autre en marche arrière, les chocs sont redevenus sourds, c'est bon signe. Je suis toujours aveugle mais je « sens » maintenant le bateau flotter, je serre les dents, je ne veux pas perdre mon bateau comme ça, moteurs mi-régime pour avancer malgré les vagues qui nous poussent vers là d’où on vient et suffisamment doucement pour ne pas se prendre un bloc de corail nombreux sur la zone. Demi-tour car nous sommes en marche arrière, puis je « suis » la trace GPS qui nous amené là et continue en direction de la passe d'entrée tant que nous n'avons pas 5m d'eau sous les coques, puis, a priori (car il fait nuit) hors de danger nous jetons l'ancre... Je coupe le moteur tribord qui vient de prendre la claque de sa vie avec son arbre a came en vrac et on fait un 360 visuel autour du bateau pour tenter d'apercevoir des signes de récif a proximité, rien. Vérification des pénétrations d'eau dans les coques, rien. Vérification de l'alignement des safran, c'est bon. Puis on va voir les cordages « responsables », les deux ont cassés en même temps, je le vois et j'ai pourtant du mal à l'admettre. Mon visage est dur, je ne tremble pas mais je vais me servir un verre de rhum car je sens que je ne suis pas prêt de dormir, de peur de refaire le même cauchemar...



Le lendemain je vais vérifier l'état des coques : le dessous des quilles à été « poncé », les flancs de quille ainsi que la partie avant des coques ont été littéralement lacérés par les coraux mais le renforcement Epoxy mis en place lors du traitement anti-osmose à très bien tenu, les dégâts ne sont que superficiels. Les bruits que nous entendions étaient ceux des coraux que nous maltraitions et non ceux de notre polyester qui partait en lamelles. Un safran à été « usé » par le sable mais n'a pas cogné. En revanche nous avons explosé notre quota d'utilisation du moteur tribord qui gémit quand on le met en route pour les manœuvres.


C'est fini mais je ne dors toujours pas très bien, le sentiment de culpabilité propre à tout marin est le pire à faire passer et l'ombre terrorisante de la perte du bateau pointe encore le bout de ses cornes régulièrement ...


jeudi 15 janvier 2015

Démission du Diesel et suprématie du Dacron ...

Le Rio Dulce et sa tranquille sérénité ...
Les pleins sont faits, énergie, eau, provisions et boissons, gas-oil, huiles et essence. Nous
commençons a en avoir marre des pluies torrentielles qui s'abattent quasiment chaque jour sur Frontéras et tout le monde est content de partir. Nous larguons donc les amarres de la marina de Nanajuana puis nous nous glissons entre les bateaux voisins et prenons la direction vers la sortie du Rio Dulce pour aller faire nos formalités de sortie à Livingston. Nous comptons 2 jours de descente tranquille avec un mouillage prévu à la sortie du Golfete, nous avons largement note temps, les moteurs tournent paisiblement à 1500trs/mn, un petit rayon de soleil vient même nous accompagner, musique, tout va bien.

En fin de journée, alors que nous sommes à moins de 2 milles du mouillage prévu, Sandrine m'appelle car elle remarque un cliquetis au niveau du moteur tribord. Aussitôt je met au point mort et ouvre la trappe moteur, une fumée noire s'en dégage à tel point qu'on ne voit même plus le moteur, que l'on coupe aussitôt. On se laisse dériver lentement, le golfe est large a cet endroit, et j'ai enfilé mon bleu car la cale est remplie d'éclaboussures d'huile. Je comprend déjà ce qui s'est passé, le reniflard (un trou gros comme un trou d'épingle sur le haut moteur) s'est bouché et toute la pression est passé par la jauge, éclaboussant tout sur son passage et vidant toute l'huile moteur par la même occasion et c'est ça qui m'inquiète, de plus, pourquoi l'alarme de baisse de pression n'a-t'elle pas fonctionné? Les niveaux sont vérifiés, pas eu de surchauffe, mais plus d'huile du tout, on remet 3litres... 

Le fantôme de la biele se penche sur mon épaule en ricanant. 

Redémarrage... Le (très gros) cliquetis diminue mais reste présent, trop présent, beaucoup trop présent. Appremmment c'est au niveau du haut moteur mais mes capacités de diagnostics s'arrètent là sans démonter. Nous sommes en fin de journée mais nous décidons de revenir à Frontéras avec un moteur, là-bas, Christian – skipper pro sur son cata – ancien patron de garage Citroen – et ancien voisin – saura mieux que moi situer les dégats sur une échelle de "on est bloqué ici" à "on peut repartir". Dès le lendemain matin et malgré la pluie qui s'est remise de la partie, Christian vient avec son expertise : son verdict est clair et sans appel, l'arbre à cames est faussé, sans doute avec lui les coussinets dont les supports de ceux du dessous sont moulés dans la pièce moteur... Gros pépin ...


Une belle Grand-Voile à corne ...
Plan A: Les pièces sont à commander aux Etats-Unis et il faut trouver un (bon) mécano (en qui j'ai confiance) car Christian part aux San Blas pour sa saison de charter... 3 semaines bloquées si tout va bien et tout ne va pas forcément bien par ici ...

Plan B: On reste comme ça et on ne se sert du moteur que pour les manoeuvres, rien ne va s'améliorer c'est clair mais cela nous permet de revenir au Rio en Juillet- Aout et Chritian sera là pour faire les réparations...

Ce sera plan B.

Donc Jingle n'a plus qu'une patte et boite un peu quand on démarre les moteurs, puis fonctionne sur un seul Volvo en croisière. On va faire attention et tout ira bien ... 


Il ne nous arrive pas que des tuiles quand même, en effet, Christophe de Jade Voile m'avertit que la fabrication de nos voiles est terminée et qu'elles sont en attente de partir vers les USA ou nous irons les récupérer au Printemps. Professionnel et sympa, il nous envoie les photos:  

... et un joli génois... 

vendredi 9 janvier 2015

Destination: le Belize ...

Les effluves des festivités qui se terminent (hélas) se sont dissipées (heureusement). Nous avons donc pu reprendre notre rythme de travail de remise en marche du bateau: le dessal à été récupéré chez le transitaire, installé et connecté (nous attendrons notre retour dans les eaux salées pour faire les essais). Puis nous avons remis en place ou changé de place à plusieurs trucs a bord, la survie par exemple laisse la place à un futur barbecue sur le bastingage arrière (gestion des priorités), puis le gréement à été vérifié, les cordages usés et douteux remplacés, notre balise radar dans les haubans refixée correctement, réaménagement de la baille avant avec abandon du système de gaz français pour privilégier l'américain plus courant, notre ligne de mouillage de sécurité à été mise en place au lieu d'être en pièces détachées, etc... Par ailleurs, nous nous sommes commandé une "housse" de protection pour notre annexe, je devais la faire  moi-même mais vu les prix faibles pratiqués par ici et leur expérience, je me suis incliné et ils feront ça aussi bien que moi.

Donc voilà, on est "prêts", enfin aussi prêts que l'on puisse l'être pour pouvoir prétendre (re) partir, sinon on ne part jamais. Derniers échanges de cartographies sur les pontons, téléchargement d'OpenCPN version 4, prise de renseignement sur les détails de formalités d'entrées, repérage des futurs coins de mouillage et coins de plongées, stock de vins, pardon de fruits et légumes, puis on commence à regarder la météo pour sortir du Rio Dulce direction le Belize !

En 2 mots: le Belize est une monarchie constitutionnelle et est membre du Commonwealth. Le chef d'État est donc la reine Élisabeth II, représentée dans le pays par un gouverneur général, qui à la nationalité du pays.

Le pays a pour capitale Belmopan, pour langue officielle l'anglais et pour monnaie le dollar bélizien indéxé sur le dollars US (2 pour 1).

Le Belize se nommait autrefois le Honduras britannique. La dénomination actuelle provient du nom de l’ancienne capitale (Belize city) et du fleuve du même nom.
Le Belize est le seul pays anglophone d'Amérique centrale. L'anglais est la langue officielle, mais l'espagnol demeure la langue la plus utilisée, il est d'ailleurs très étonnant de constater le nombre de langues parlées dans le pays (cf le tableau).

Mais ce que nous allons aller voir c'est la barrière de corail du Belize, c'est la plus longue de l'hémisphère Nord et la troisième au monde, après la fameuse "grande barrière" qui s'étend sur 2000 km en Australie et la Nouvelle Calédonie qui abrite la plus longue barrière continue de 1600 km.
Le récif du Bélize est donc moins important que ces 2 "stars" du récif mais son écosystème est tout aussi foisonnant avec 500 espèces de poissons et 65 sortes de coraux.

Pour aller découvrir ces merveilles nous embarquons avec nous, Jon et Becky, un couple d'amis anglais rencontrés ici, au Rio Dulce, et que nous allons emmener jusqu'au Mexique...

Nous allons descendre le Rio dès lundi, pour arriver à Livingston en début de semaine, puis sortir par le chenal au faible tirant d'eau, traverser la Bahia de Amatique et aller mouiller à l'abri de la langue de terre en bas à gauche de la vue satellite. Ensuite nous allons longer tranquillement l'intérieur de la longue barrière au nord de ce point ou des centaines de petites îles fourmillent et ou le choix de s'installer ne se fait qu'en fonction de la protection qu'elles offrent.

Certaines de ces îles ou groupement d'îles sont des réserves naturelles ou on peut parfois mouiller, souvent plonger mais jamais pêcher. D'autres îles, parfois privées, autorisent pleinement l'ensemble des activités sous-marines...