Livraison express: Merci Hervé ! |
Vendredi, jour du départ,
6h debout.
Nous quittons le mouillage confortable de Ste Anne en diretion du Marin pour faire le plein de gas-oil.
Nous quittons le mouillage confortable de Ste Anne en diretion du Marin pour faire le plein de gas-oil.
Hervé (ex-TraouMad,
maintenant sur Topaze avec sa petite famille) vient nous y saluer et nous apporter un ultime
colis qui vient d'arriver de chez Nespresso, nous aurons du café
pour cette transat !
Le vent se lève un peu et
nous virons la pointe des Salines vers 10h30. Le vent est fidèle à
ce que nous attendions et nous faisons route dans le 10.
A 13h, nous nous prenons 1
puis 2 orins de casier dans le safran babord, le bateau s'arrête et se met tout seul en panne. Sandrine
se met à l'eau avec masque, tuba et couteau et moins d'une demi-heure plus tard nous repartons.
Nous devons, du coup, effectuer une veille attentive aux casiers qui sont tous
en dehors des zones autorisées, on se demande après pourquoi il n'y
a plus de langouste en Martinique...
17h premier grain, 23 nd
de vent pendant 2 heures puis retour au calme.
Nous passerons la
Dominique pendant la nuit, ainsi que la majeure partie de la
Guadeloupe. Au matin du samedi nos avons une mer hachée qui cogne un
peu et rend la navigation peu confortable, nous sommes au bon plein
et ne pouvons guère abattre, ni lofer sans perdre beaucoup en cap...
Le vent est assez fort, nous sommes sous 1 ris et genois 4/5.
L'ambiance est sport mais la pêche est bonne.
Ceci durera 7 jours. Sept
jours qui se ressemblerons à +/- 10° de vent et donc de route et
+/- 5 noeuds de vent. Nous avançons bien, le reste n'est
qu'endurance et patience.
Puis les vents de Nord-Est
finiront par adonner... en faiblissant. Le pilote réglé sur la
girouette suivra ce changement, quoiqu'au final rien n'ait vraiment
changé, nous sommes toujours au bon plein, la mer à suivi le vent,
seul notre route s'est orientée ves l'Ouest et, évidemment, notre
vitesse à chuté. Ha oui, le temps s'est dégradé, le soleil à
quasiment disparu et il commence à faire frais. Nous collectionnons
tout de même les dorades meunières, dorade aux pommes sautées et
fines herbes, colombo de dorade, dorade au gingembre, champignons
noirs et son riz au soja, nouilles sautées ail et dorade, etc etc
...
Nous allons ensuite rentrer dans
la phase "énervante" du parcours. En effet, nous avions
imaginé une transat au portant par vent faible a modéré et nous
avons rencontré un vent très "joueur" qui nous a
littéralement tourné autour en variant sa vitesse. Excellent pour
l'entrainement aux manoeuvres, mais nous avons passé une semaine
complète à régler nos voiles, empanner, virer, border et prendre
des ris sans arrêt, pour pouvoir passer les grains succéssifs...
Acceptable de jour, ça devient vite lassant la nuit quand il faut
manoeuvrer 4 fois au lieu de dormir. Nous aurons même à faire le
gros dos avec des vents réels relevés à 52 noeuds lors de passage
de grains.. Tout ça pour de pas avancer beaucoup sur notre route car
les vents non seulement ne sont pas favorables mais ne sont pas très
puissants non plus en dehors des rafales orageuses. Globalement, on
se traine ... et le temps est toujours aussi maussade...
Puis la mauvaise nouvelle
météo tombe: la dépression que nous observions du coin de l'oeil
depuis plusieurs jours va nous passer dessus. Elle est actuellement
très au nord-ouest mais arrive très vite et se forme
dangereusement. Les prévisions satellites annoncent des vents de
l'ordre de 50 à 60 noeuds. Toutes les hypothèses de routes sont
étudiées pour échapper à la bête qui grossit chaque jour et qui
va s'abattre sur nous. On imagine même de partir en fuite plein sud,
plein nord... Mais rien n'est convaincant... Je n'aime pas prendre la
cape, je ne sais même pas ce que cela pourrait donner avec un
catamaran. L'option choisie est donc de filer comme une balle vers
notre destination, la depression, suivant nos calculs, devrait ainsi
nous rattraper le jour de notre arrivée. L'idée est simple: faire
vitesse max en ligne droite vers l'archipel des Açores - la première
ile venue fera l'affaire - puis faire un arrêt au frein à main dans
la première planque disponible et attendre une semaine que la
depression passe.
Ca tombe bien, les
prémisces du mauvais temps font que le vent se lève et s'oriente
grand-largue. La mer se forme rapidement dès la première nuit et
nous donne la mesure de ce qui nous suit. Cela à le mérite de nous
offrir une vitesse moyenne à plus de 9 noeuds avec des pointes de
vitesses à 17 noeuds sur de longs surfs. L'ambiance est à la
préparation au combat, on range tout le matériel extérieur, on
arrime, on sangle, on sécurise. Puis on attend... Il fait froid, le
ciel est lourd, noir et chargé. Chaque jour qui passe le vent
forcit, mais la grosse claque nous suit toujours et s'approche.
Enfin, les Açores apparaissent sur nos écrans...
Nous prendrons la passe entre Faial et Pico |
Au petit matin, nous
pouvons affiner notre route. La dépression aurait déja du nous
rattrapper mais nous n'avons "que" 30 noeuds. Nous décidons
donc de passer par le goulet entre les iles de Faial et Pico, puis
une fois "dedans" nous aviserons en fonction de l'état de
la mer et de l'avancée de la bête si nous tentons une manoeuvre
d'entrée dans le port ou si descendons le goulet et allons mouiller
derrière une des iles.
Nous avons un autre
problème, le brouillard est à couper au couteau et nous ne voyons
rien. Les îles sont invisibles, les autres bateaux, voiliers et de
pêche, qui rentrent également dare-dare à l'abri ne sont visibles
que sur l'electronique. Les feux et phares censés nous confirmer la
présence des îles sont absents, nous sommes dans le coton et le
vent est monté progressivement à 35noeuds et monte encore... Il ne
manquait qu'elle, la pluie s'est invitée à la fête...
Tel un sous-marin, nous
avançons en aveugle vers la passe. Arrivés à sa hauteur, la
La nuit est maintenant
tombée, travers à la lame, on à demandé à nos moteurs, faibles
et cassés, leur maximum pour nous diriger vers la digue de Horta.
Des enrochements brisant les lames sont juste sous le vent à
quelques encablures seulement et nous entendons la furie des vagues
et du vent malgré la pluie et le brouillard. Le démon d'une panne
moteur vient nous frôler l'esprit, si cela arrivait dans ces
circonstances le bateau serait perdu. Nous ne sommes qu'a 300m du feu
rouge de l'extrémité du môle quand nous l'apercevons à travers
les batrasses de flotte. A peine sommes nous passés de l'autre coté
que la mer se calme. Le vent est toujours présent et ne nous permet
pas de communiquer de loin, aussi Sandrine à ses directives pour
mouiller l'ancre: dès que je hurle, elle envoie 70m de chaine! Les
moteurs (en fait "le" moteur) ne sont pas assez costauds
pour remonter le vent aussi, dès que le sondeur à annoncé moins de
10m de fond, on a balancé l'ancre. Sandrine rentre se mettre
aussitôt à l'abri, je reste à surveiller que le mouillage tienne
bien avant de me détendre.
Nous sommes trempés et
transis car l'eau est entrée dans nos vétements de haute-mer
hauturier super-goretex super-cher super-Musto mais qui fait passer
super-bien l'eau, il en est de même pour nos bottes. Nous sommes
comme deux chiens mouillés grelottant sous l'orage... mais rien
qu'une bonne douche chaude et une soupe brulante accompagnée d'un
coup de rouge ne viennent à bout !
Bilan: 18 jours, 2700 miles
nautiques... On avait prévu de la lecture en cas de manque d'action,
et bien, on ne s'est pas ennuyé !