jeudi 12 février 2015

Mexique: Marina, Corona et Téquila ...

Deux cents vingt milles nous séparent de notre destination au Mexique: l'île de Mujeres (Mou-hairesse). Les vents attendus étant inconfortables, nous prévoyons de faire la route en deux fois 24h avec une pause dans la bahia de la Ascension.


C'est la dernière ligne droite pour John et Becky car ils débarquerons au Mexique pour poursuivre leurs aventures à terre. Ils auront donc droit à un peu de tout histoire de marquer le coup, pétole au moteur et baston à 2 ris, ils auront aussi droit aux dauphins, petits et gros, aux tortues, aux raies et aux couchers de soleil en mer.

Lever de soleil...
Nous arriverons en fin de nuit au large de Cancun, puis passerons la pointe et prendrons la direction de Mujeres. Il est tôt car nous avons eu un courant favorable de près de 2 noeuds par moment. Je déguste, seul aux commandes, mon petit dèj au petit jour généralement fait de baked beans et de bacon en regardant les lumières des énormes resorts aux architectures osées de Cancun. Quelques paquebots et cargos ont maintenus les hommes (et femme) de quart activement éveillés donc tout le monde dort bien, je conserve les 2 ris afin d'arriver de jour sur l'île que je ne connais pas et avec l'incertitude d'un balisage correct pour pénétrer à l'intérieur du récif protégeant la zone de mouillage. J'aperçois la première rouge aux jumelles au même moment ou tout le monde se lève à bord, nice timing ! Nous irons ensuite tourner la dernière rouge (qu'on laisse sur tribord par ici) très près de la grande plage qui fait la réputation de cette île puis on s'enfonce dans la baie. Quelques bateaux y sont déjà mouillés. On balance la pioche juste à l'arrière d'un ketch américain que je reconnais tardivement, il s'agit de Jimi sur Sanibel.


Le lendemain, nous nous lançons hardiment à l'assaut de nos formalités, un petit coup de bureau des autorités portuaires par ici, un petit coup de magasin de photocopie par là, un petit coucou à l'immigration, un passage à la banque pour payer ce que l'on doit, retour à l'immigration, puis retour au premier bureau, on y voit les autorités du port, la santé, l'agriculture... On aura mis 3heures, apparemment c'est un record de vitesse dans cette île ou tout le monde est charmant, relax, patient mais un tantinet bordélique et lent. Bon, on s'en fiche, c'est à peu près bon. On découvrira en fait plus tard que nous n'avons pas encore vu les douanes, ni qu'il nous faudra un aller-retour en ferry à Cancun pour faire une importation temporaire pour le bateau mais pour le moment, youpi, c'est réglé. On se retrouve en centre ville, il est midi, ça sent bon à la sortie des cantinas, on a faim et soif donc: Tacos et Corona pour tout le monde !

La Lomita, la meilleure pieuvre sautée à l'ail de toute l'île !

Nous passerons quelques jours ainsi au mouillage, à découvrir les saveurs de ce que je ne connaissais finalement pas très bien: la téquila ! La vie n'est vraiment pas chère sur l'île et notre barbecue se voit recevoir de fortes épaisseurs de ribeye steacks et de T-bones quand, en cuisine, le guacamole est en production intense, puis les petits restos locaux sont une pure merveille, le poisson est frais, le poulpe abondant, le service souriant et agréable, les" quantas" supportables, c'est la belle vie !


Beaucoup de bateaux de pêche, grand choix de poissons ...

Puis nous dirigerons Jingle vers la marina dans le lagon, en effet nous allons recevoir nos amis valériquais, ce sera donc plus commode pour le débarquement des uns et l'embarquement des autres. Pincements de coeurs lors du départ de John et Becky qui nous ont accompagnés pendant plus d'un mois, mais la vie continue son chemin sur terre comme sur mer ...  


Sandrine, couleur locale ...
La marina ...

... son bar ...

... sa piscine ...

Jingle, c'est de là que je suis en train de vous écrire ...



mardi 10 février 2015

Belize, un parfum de Caraïbe un peu cher ...

Une jolie petite matinée de navigation ensoleillée nous suffira pour rejoindre la ville de Placiencia, sur la côte. En effet, nous tenons à nous affranchir des obligations de déclarations. Nous pouvions le faire à Punta Gorda, plus au sud, mais les autorités locales ont la réputation de nes pas être des plus honnêtes. Une fois mouillés dans la baie bien protégée, nous accostons avec l'annexe sur le ponton de Brenda, une voluptueuse cuisinière qui prépare le meilleur Jerk Chicken de toute la Caraïbe. Puis nous traversons Placencia, ville décontractée, lente et cool comme on adore. Ici, le temps s'est arrêté et tout le monde semble jouir de cette bulle spacio-temporelle avec le sourire et la démarche de celui qui n'a jamais porté de chaussures, en effet ici pas de goudron, tout est en sable !
Nous prendrons une lancha, bateau en bois et qui sert de transport rapide, pour aller à Big Creek. Après nos 20 minutes a fond les manettes dans la mangrove, nous sautons dans un taxi qui nous emmènera voir Immigration-Douanes-Agriculture-Autorités du Port...dans le désordre. Chacun nous demandera de l'argent et encore de l'argent, des papiers, des photocopies de passeports, des listes d'équipage, les numéros des moteurs, etc... Nous sortirons de là allégés de près de 180 dollars et devons payer dorénavant de 5 à 10 dollars par personnes par jour sur les îles protégées ...
Cela nous laisse un sentiment étrange en terme de liberté, en effet, de se savoir sur son bateau ancré à l'abri derrière une petite île déserte au milieu de nulle part on apprécie différemment le temps qui s'écoule lentement quand on doit payer 40 dollars par jour... Hélas cette amertume ne nous quittera pas d'avantage quand nous aurons à quitter le pays car, là encore, on nous demandera 40 dollars à l'immigration et encore 50 dollars aux douanes pour avoir le droit de ... sortir du pays !

Et un coucher de soleil gratos !


Mon cher (trop cher) Bélize, la prochaine fois que je viendrai te voir, s'il y en a une, ce sera dans la clandestinité !
Je ne dépenserai plus mon argent à payer des fonctionnaires qui dorment (et ronflent - véridique-) dans leur bureaux mais chez Brenda ou dans les petits shacks de grillade de poissons sur la plage ! 


Passé cette étape, nous apprécierons tout de même le pays, ses eaux turquoises, ses requins, ses poissons, ses langoustes, ses dauphins, ses couchers de soleils (ils sont encore gratuits), ses îles désertes et presque désertes, son ambiance générale dé-con-trac-tée.  


Préparation du pain ...

Notre rythme de vie à 4 à bord, ce qui est une nouveauté pour nous, s'installe paisiblement à la cadence des réveils tardifs, des baignades, des rigolades, des apéros et des balades ...

Savoir apprécier les choses simples est un art ... simple ... 
Nous remonterons ainsi la pays du sud vers le nord en zigzaguant en fonction des zones coralliennes et de la météo. Cette dernière s'étant mise en tête de nous faire perdre la notre, en effet, nous avons eu beaucoup de "temps variable" avec des vents qui prenaient plaisir à tourner de 360° la nuit et ou le bateau se retrouvait la moitié du temps, voir plus, non protégé de la houle qui montait rapidement. Nous avons donc eu quelques "sales nuits" avec des réveils ou l'on a qu'une seule hâte c'est de quitter l'endroit ou l'on est. On s'est même vu naviguer plus confortablement qu'on était installé au mouillage, c'est pour dire.

L'invitation du lagon...
S'enchaîneront alors les îles de Wippari Cay, Rendez-Vous Cay avant de nous enfourner dans la paisible baie de Sapodilla. Véritable havre de paix, ce mouillage nous remettra en forme pour poursuivre notre chemin vers le nord.

St Georges Cay: Beaucoup de bateaux de pêche manœuvrent encore à la voile ...
Nous serpenterons entre Ragged Cay, Twin Cays dans des endroits aux sondes nous annonçant clairement que seuls les catamarans et les ketch américains à faible tirant d'eau peuvent être autorisés à franchir ces zones. En effet, comme aux Bahamas, nous avalons des milles dans 1m40 d'eau, parfois moins. Nous irons nous tanker dans le petit trou de végétation de ManOwar. Les barbecues et les soirées musiques s’enchaînent au rythme des milles parcourus...


Faire le singe est aussi un art ...

Habiter sur une île de la Caraïbe est le rêve de beaucoup, on se demande pourquoi ... 
Un petit saut de puce vers Tobacco Cay, près du récif. Là encore, l'ambiance est en dehors du temps et nous apprécions la petite bière fraîche en regardant le soleil disparaître à l'ouest...

Un bar-resto, un ponton, une plage, des palmiers ... What else ?
Une jolie bouffée d'air favorable nous propulsera tranquillement pour les 30 milles qui nous séparent de Robinson Cay ou nous mouillerons. Puis nous ignorerons Belize City qui est aussi peu sure que moche pour traverser les canaux des Drowned Cays. La cartographie est imprécise, le balisage inexistant et le sondeur chute, chute et chute encore, nous faisons plusieurs milles avec 1m20 au sondeur ... pour 1m20 de tirant d'eau ! Deux trainées de boues sablonneuses nous donc suivent parfois... Nous mouillerons ce soir là à St Georges Cay.


Cay Caulker la tranquille...
Encore une petite série de canaux (passage entre des îles rapprochées) avec des sondes de profondeur impensables puis nous déroulons le génois pour rejoindre Cay Caulker. Cette île est très developpée par rapport à ce que nous avons eu jusqu'ici : ils ont des magasins ! ... avec de la viande et de la bière, et nous manquons des deux.
En plus de cette opulence, l'île est vraiment agréable, tout est facile, la bière est fraîche, les petits restos sont nombreux, pas chers et bons... C'est la Caraïbe, celle qui ne doit pas disparaître, celle oubliée par nos Antilles françaises emmerdées par les législations hors de propos sur la création d'entreprise et les lois sanitaires, nos Antilles endormies et mal élevées par nos RMI, RSA et autres nourritures de parasites. Ici, pas de racisme résiduel, ni d'aides de l'état, c'est l'église de la débrouille, la loi de la plage, tout le monde est pieds nus et se salue d'un grand geste de la main: "salut mon frère", frère d'eau, frère de sable, frère de soleil, frère des îles et tout fonctionne plutôt pas mal ...


Belikin est un grand philosophe contemporain avec qui on a beaucoup discuté ...

De petits endroits peinards, sympas et colorés ne manquent pas...
Une dizaine de milles nous séparent de Ambergris Cay et de sa ville San Pedro ou nous irons faire nos formalités de sortie. Nous mouillons dans le lagon par 1m40 d'eau. D'énormes raies en bancs de 3 à 10 passent régulièrement sous le bateau, c'en est à un tel point que nous devons inspecter les alentours du bateau avant de plonger pour se rafraîchir. Je sais, on a des soucis terribles ...

San Pédro est une petite ville très agréable, touristique mais au rythme lent imposé par l'ambiance générale. Les voitures comme partout sur la cote du Belize sont des "golf-cart", de toutes la couleurs, de 2 à 6 places et donnent le tempo du trafic routier: lent et fun.

Pour quitter San Pedro, 2 options pour traverser la barrière de corail: redescendre de 20 milles ou prendre la passe de San Pedro. Tout le monde en parle de cette passe, plutôt des dangers qu'elle comporte. Réputée infranchissable par vent fort à modéré, les courants nous entraînent de plus vers les récifs acérés et à fleur d'eau et pour couronner le tout la passe n'est pas rectiligne imposant de manœuvrer au milieu. Nous avons le temps, je vais donc avec John inspecter celle-ci en dinghy pour se faire une opinion personnelle et faire des relevés GPS. La passe est effectivement traître, il ne vaut mieux pas y rentrer par mauvais temps sans être solidement motorisé, mais demain nous devons en sortir par beau temps, cela ne nous posera donc aucun problème.

Nous sommes prêt à quitter le pays... Direction: le Mexique !

Le seau de bière, une proposition que ni un anglais ni un breton ne sait refuser ...