Coucher de soleil en mer, nul marin n'y est insensible... |
10h00 nous passons la rouge près de "playa norte" et nous éloignons des récifs avant de hisser la GV. Nous avons un petit 14 noeuds grand-largue et nous filons 7 à 8 noeuds sur une mer presque plate... Que du bonheur, on aimerait que cela dure pendant des jours, des semaines...
Cela aura duré la journée, en effet vers 17h, le vent tombe régulièrement. On se battra comme on peut mais ce sera démarrage de Monsieur Volvo vers 19h à 1800 tours. On en profite pour faire de l'eau et prendre un douche chaude. Puis un bon steack grillé afin de nous préparer aux quarts de nuits qui seront animés avec les différents cargo que nous verrons. Le Gulf Stream nous pousse un demi-noeud.
Certains aiment les navigations calmes ... |
Nous faisons la connaissance des hirondelles, une d'abord puis 2, puis 3 et 4. La première n'est pas farouche, elle viendra même se poser sur le genoux de Sandrine avant d'établir son camp de base à l'intérieur, invitant les autres à la suivre. On trouve ça mignon au début mais le soir quand l'intérieur du bateau est devenu une véritable volière avec les hirondelles qui déchiquettent des trucs pour se faire un nid, on aura un peu de mal à s'en défaire...
Squatters !!! |
Le lendemain ce sera presque 3 noeuds de courant dans le nez, on fait une moyenne lamentable. Le vent, en rafale à 20 noeuds, nous fait filer à 8 noeuds mais seulement 5 sur le fond. C'est rageant. Heureusement une daurade vient s'offrir pour le repas du midi (et du soir).
Vers midi, un grain s'approche. Peu menaçant au début, il nous montre son coté méchant au fur et à mesure de son approche. En avance, nous prenons 2 ris et 3 tours et sortons les tenues de combats. On attendra 30 minutes pour avoir des pluies diluviennes et un vent à 35 noeuds. Les grains se succéderont ainsi. Le bateau avance bien avec ces vitesses de vent... le tout c'est de ne pas à avoir à empanner ... Le soir le vent tombera...
La joie des grains en mer... |
Au petit matin, le moteur cale... Nous sommes au milieu de nulle part, on ne gène personne si on dérive mais il va falloir réparer. Le 3 cylindres Volvo est bouillant car il vient de marcher toute la nuit, mais il faut y mettre les mains quand même. Plus d'arrivée de carburant, remplacement des filtres colmatés par les saloperies en suspension dans le gas-oil guatémaltèque, et c'est reparti.
Le vent se lève et le courant s'amenuise puis disparaît, pas trop tôt! On se déplace comme un vrai voilier et à cette vitesse les leurres de pêche sont très attractifs, 3 Wahoos se feront prendre puis nous rentrerons les lignes.
Les côtes sont en vue, enfin la Floride! On affale et on enroule la toile puis les moteurs sont (encore) démarrés pour pénétrer dans le bras de mer de Fort Myers. Le chenal est assez serré et le courant de la rivière s'ajoute à la marée descendante, on repère la zone de mouillage prévue, 2 bateaux y sont déjà installés, on ira en amont. Au moment délicat de la manœuvre d'approche, un moteur cale... puis l'autre ... C'est l'horreur car nous ne sommes plus manœuvrant et nous avons les bateaux en arrière à éviter et les haut fonds du bord du chenal. Les moteurs ne veulent rien savoir, ils démarrent, mais ne veulent pas être embrayer, l'image du cordage pris dans l'hélice s'impose donc à mon esprit... Quelle tuile! Les 2 moteurs en même temps! On jette l'ancre avec chaîne courte immédiatement mais trop tard, nous échouons. Rien de grave, une coque se pose sur de la vase mais sans moteur on ne peut rien faire. La nuit tombe, et la marée nous doit encore 80cm, la structure du cata peut ne pas aimer d'être ainsi posée en porte à faux, sans compter sur l'éventuelle présence d'une souche (poisse quand tu nous tiens). On appelle TowBoat-US... 30 minutes plus tard, un artiste nous sortira de là et ira nous faire mouiller là ou on voulait aller au départ. Un artiste car en nous tractant a partir d'une seule coque dans une rivière avec un fort courant, il nous a positionné pile ou on voulait. Le truc c'est que d'habitude on prend une assurance à 150$ chez eux quand qu'on arrive aux US mais là, on n'a même pas eu le temps. Bilan: c'est 1100$ !
Dès le lendemain, il fait gris mais je dois quand même aller voir ce qui s'est passé avec ces hélices. L'eau est boueuse, cela ne gène ni les dauphins d'estuaire ni les manatee autour de moi, mais je ne vois pas mes mains, je travaille donc en aveugle sous la coque. Comme imaginé, les hélices et les safrans sont bloqués par près de 20m de cordage entortillé, noué et entrelacé... Il s'agit d'un vieux casier oublié ou perdu qui devait flotter entre deux eaux et qui est venu se prendre dans une hélice, puis la deuxième lors du virage.
Bon, ça y est on est à nouveau manœuvrant, l'ancrage est sain, on peut aller faire sereinement nos formalités d'entrée puis après une bonne et longue promenade sur la plage, aller se faire une bonne viande, avec une bonne bière et de la bonne musique! On est tout de même dans le sud des Etats Unis !
Aux premières loges ... |
Reflet des nuages dans la mer d'huile ... |
On ne s'en lasse pas ... |
Notre mouillage ... |