dimanche 24 avril 2016

Transat ... et de 3 !

Nous commençons la préparation pour notre Transat, troisième du nom. Stock de nourriture (peu de choses indispensables nous manquent), gestion des unités Iridium pour la météo, réorganisation de la garde-robe des tenues de navigation, et oui, on remonte vers le nord, on se prépare au froid glacial des été bretons. Et puis, c'est tout ... En effet, le bateau est en mode "navigation hauturière" de façon permanente, seuls quelques ré-ajustements minimes sont donc à effectuer : Nous sommes prêts !

La route est tracée, c'est simple: Antille-Açores (2200 milles), puis Açore-Bretagne (1250 milles).
Nous sommes en surveillance météo. La situation globale est encore trop instable pour une traversée sereine et confortable. Le créneau "habituel" est de Mai à Juin, nous ne sommes qu'en Avril, rien d'étonnant à ce que les conditions ne soient pas encore en place... Donc patience...


En attendant, si localement le vent nous le permet, quelques promenades d'îles en îles ne sont pas à exclurent …  

A la descente c'est la Route du Rhum, à la remontée, c'est la Route du Ricard ...

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Nous ne sommes pas encore partis mais lorsque ce sera le cas, nous serons joignables par satellite, en effet, il est possible de nous envoyer des messages textes et de recevoir nos réponses par mail. 

Comment faire:

1 - Cliquer sur le bouton  "IRIDIUM" de la marge de gauche, cela vous envoie sur une page du site web d'IRIDIUM.
2 - Rentrer notre N° de téléphone (sans espace) : 881631580912
3 - Dans "Reply Email", mettre votre adresse mail si vous souhaitez une réponse. Attention cela diminue le nombre de caractères auxquels vous avez droit, 160 au total (vérifiez le compteur).
4 - Écrire dans la zone "message" - Evitez les accents ( e + accent = 2 ou 3 caractères !) et n'oubliez pas de signer ;)
5 - Cliquer dans la case "Je ne suis pas un robot", sauf si vous êtes un robot ... Et on vous demandera peut-être de le prouver en jouant à un petit jeu rapide ...
6 - Puis cliquer sur "Send Message". Et hop, c'est parti...

Attention, nous traverserons 6 fuseaux horaires, pensez au décalage et au fait que nous serons en navigation, les réponses n'arriverons sans doute pas par retour immédiat ... 


jeudi 21 avril 2016

La Traversée de la Mer des Caraïbes en 81 Jours ...

Tout ça pour ça ...
8h00, le reveil sonne ... La première ouverture du pont est à 9h00. Nous sommes 3ème dans la file
pour passer. On a déja passé ce pont plusieurs fois, mais a chaque fois on se demande s'ils n'ont pas rapproché les piles du pont. Certes il y a 10m de passage, mais nous faisons 7m40 ce qui nous laisse 1m30 de chaque coté... On se concentre un peu et ça passe.

Nous nous dirigeons vers "l'îlet", comme son nom l'indique c'est un îlet situé au milieu du lagon, coté français. Nous jetons l'ancre et 40m de chaîne par 2m de fond, ça tient !

Nous mettrons plusieurs jours à réaliser que nous sommes bel et bien arrivés à la fin de notre " Conquète de l'Est ", les logiciels du bord nous permettent de resortir quelques chiffres :

  • La route théorique directe (orthodromie) était de 1480 milles nautiques.
  • Nous avons parcourus 1850 milles au total – on estime que pour un cata on s'en sort très bien ...
  • Période totale (escales inclues) : 81 jours , dont :
    • Bélize: 14 jours
    • Honduras (Utila et Roatan): 11 jours
    • Caymans : 0 jours, navigation le long des côtes
    • Jamaïque: 4 jours
    • Haïti: 8 jours
    • République Dominicaine ( Aguilas, Béata, Salinas, Saona): 23 jours
    • Porto Rico: 2 heures 30
    • Îles Vierges Américaines: 5 jours
    • Îles Vierges Brittaniques: 1 jour
    • Saint Martin: 1 jour de trajet
    Temps de navigation : 15,5 jours soit 372 heures

  • Vitesses de vent relevées: de 3 à 33 noeuds réels
  • Nombre de prises de ris : incalculable
  • Fuseaux horaires: 2
  • Passagers clandestins: 5
    • 1 chauve souris (pendant 24h)
    • 2 cafards, que nous avons atomisés
    • 2 geckos (Barbabé et Zouzouille) qui sont à bord depuis le Guatemala et nous rendent visite le soir par temps calme .

En jaune, la route directe, droite idéale mais impensable. En gris, notre "vraie" route ...


Nous débarquerons à Marigot pour faire nos formalités, ambiance française partout, ça parle français (de moins en moins à St Martin), les restots sont français, les vins et les fromages sont français, les rues sont dangereuses pour les pietons, les administrations sont fermées entre midi et 14h et samedi-dimanche, les magasins et entreprises ferment aussi à midi ... c'est bien ça! On est en France !
Heureusement que l'île est divisée en 2 et que coté Hollandais, les notions de services sont un peu plus développées. De plus c'est là ou se trouvent les Mecques du matériel nautique (Budget Marine et Island Water World). En effet, nous avons un peu de travail, de réparation et de remplacement de matériel.
  • Remplacement GPS lecteur de carte extérieur qui à cramé à Haïti.
  • Réfection du système d'eau de mer sous pression extérieur.
  • Remplacement et raccordement de l'hydrofore (système pression eau douce)
  • Remplacement de certains cordages.
  • Remplacement d'accastillage défectueux et/ou usés.
  • Refection d'une partie du tableau électrique général – réseau de puissance.
  • Déplacement des taquets-coinceurs du mat vers le cockpit (balancine, drisse génois et spi)
  • Remaniement du piano et amélioration de certains circuit de commande.
  • Réparation valve pression du ballon d'eau chaude et plomberie supplémentaire.
  • Révisions moteurs
  • Remplacement de nos 2 canes à pêches, volées au Honduras.
  • Ajout de taquets d'amarrage et système de fixation de l'annexe pour la navigation.
  • Etanchéité hublots et pare-brises à renforcer.
  • Remplacement de certains luminaires...

Grillades, rosé frais, moutarde Amora et cornichons... Le bonheur...
Voilà... donc un peu de dépenses à prévoir, un peu de boulot à réaliser. Rien en dehors d'une
maintenance normale, c'est juste qu'auparavant nous n'étions pas en mesure de le faire faute de matériel.
A coté de ça, on s'offre quand même un peu de bon temps et de bonnes choses avec du vin rosé, de la charcuterie (pas trop), du fromage (on a trouvé du camenbert Graindorge au lait cru !), des cotelettes d'agneau, des merguez (c'est con comme ça m'a manqué) et des apéros et petites bouffes au Yacht Club coté Hollandais et aux fameux "a-ne-pas-manquer" Lagoonies, ou les salades, grillades et soirées musiques sont remarquables... Donc rythme infernal: travaux, apéros, dodo ...

Apéro, le soir dans la baie de St Martin...

Nouveau traceur au poste de barre... 






jeudi 14 avril 2016

La Conquète de l'Est ... The End ...

La Baie de Charlotte Amalie ...
Cela nous fait plaisir de retrouver Charlotte Amalie, ses petites boutiques, ses petits bars et restos.
C'est propre, c'est beau – rappel: on vient d'Haïti – c'est « civilisé » et c'est marrant mais ça nous fait du bien. La vie est facile, les gens sont gentils et serviables, il fait beau, tout le monde est détendu, il y a des fleurs et les flics se proposent de te renseigner, on se croirait dans une petite ville de Floride. On tente de trouver un GPS-lecteur de carte de remplacement sans succès mais par contre on tombe sur d'appétissants rib-eyes steacks (aussi beaux qu'au Texas) qui trouverons leur place sur le barbeuc le soir même. Le lendemain, un voyage « cargo » au supermarché s'impose, puis nous passerons 2 jours en léche-vitrine et petits restos, c'est agréable et ensoleillé comme un voyage de noces... On en profite, on sait que nous devons bientôt repartir pour 120 milles contre les vents dominants ...

Encore un mardi, nous prendrons la route. Pour ou ? Étrangement on n'en sait trop rien... Les vents sont variables mais en revanche les abris sont nombreux. En effet, nous sommes à l'Ouest d'une « chaîne d'îles » formées par les Îles Vierges Américaines d'abord puis Britanniques ensuite. Cet environnement merveilleux est composé d'îles toutes aussi jolies, différentes et attrayantes les unes que les autres. Nous y avons passés des mois entiers sans tout connaître et nous retrouvons cet endroit avec un plaisir tel qu'on se dit qu'il nous faudra revenir par ici un jour car c'est beau, simplement beau...

Les ruelles entre les anciens entrepôts ré-aménagés du centre ville ...


Le vent est notre ami aujourd'hui et nous accorde un voyage confortable jusqu'à Norman Island la première des Îles Vierges Britanniques. Nous mouillons par 12m de fond de sable, l'eau est limpide, on voit distinctement notre ancre...
L'idée globale est de remonter le chapelet d'îles vierges le plus au nord possible pour ainsi avoir un angle de vent le moins défavorable possible contre les vents d'Est lorsque nous allons rejoindre St Martin. Mais nos plans seront chamboulés car la météo le sera aussi. En effet, lors de l'étude des fichiers grib le soir, une fenêtre de vents nuls est prévue pour le lendemain et ce pour 24h. Nous devons ravaler notre plaisir de retrouver les belles escales des Îles Vierges et profiter de l'absence de vent pour filer plein Est vers St Martin.

C'est beau les lignes droites ...


7h30, départ. En route pour 90 milles au moteur. En dehors des bruits mécaniques, c'est une navigation paisible. Nous ramènerons un joli thon qui se fera manger par une bête plus grosse avant que nous puissions le monter à bord, tant pis, nous mettrons des saucisses sur le bbq. Le dessalinisateur tourne, nous pouvons même nous offrir de laver le bateau du sel qu'il a reçu des paquets de mer de ces dernières navigations sportives. Nous dormons peu, pris par l'excitation de l'arrivée. C'est finalement la fin de notre route vers l'est que nous sommes en train de faire. A 3h du matin nous passons la Falaise des Oiseaux sur la péninsule des Terres Basses. Puis il est 4h15 du matin quand la chaîne de l'ancre se déroule sur les fonds de la Baie de Marigot...

La paisible baie de Charlotte Amalie...



Ça y est, c'est fait, nous avons atteint l'arc antillais … Une nuit courte nous attend car demain, on doit se lever de bonne heure pour passer le pont ouvrant qui nous donnera accès au lagon de St Martin ou nous pourrons être à l'abri et profiter du fait que nous n'avons plus de route vers l'Est à faire contre les vents...

Départ des ïles Vierges Britanniques ...




jeudi 7 avril 2016

Et pour quelques milles vers l'Est de plus ...

Route de collision avec un grain au petit matin ...
Saona est une jolie petite île. Peu peuplée, elle se remplie toutefois tous les jours de 11h à 15h de
« touristes de masse » tout frais débarqués des paquebots et qui déboulent en bateaux de charter ultra-motorisés et viennent, en quelques heures, se remplir de rhum pas cher, de poisson mal cuit et prendre un maximum de coups de soleil sur les plages de sable blanc comme leur peau en arrivant... Le reste du temps, l'île est à nous, seuls 3 voiliers sont au mouillage dont le bolide à 2 coques de nos amis Néerlandais sur Bella Ciao.

Nous patienterons une bonne semaine dans ce décor venté, puis … Miracle, mardi matin le vent disparaît comme prévu (comme quoi ça arrive). Nous pouvons nous mettre en route, on hisse la voile, on démarre les moteurs (enfin un seul), on lève l'ancre et on dégage, les petits déjeuners seront, comme habituellement, pris en mer. On contourne l'île de Saona par le sud puis on fait cap au Sud-Est dans un premier temps pour éviter les récifs de Bajos del Caballo et ainsi bien s'écarter de la pointe extrême sud du pays qui est aussi l'entrée du « passage Mona ». Une petite brise de sud-est se lève, nous pouvons prendre un cap vers l'Est. Cette brise et les courants nous feront faire une sinusoïde mais globalement la route sur le passage s'effectue sans encombre pendant les 24h de cette traversée vers Porto-Rico.



L'effet de pointe à l'approche de Cabo Rojo (le Cap Rouge) nous empoisonne d'une belle refusante, nous devons donc virer puis le vent disparaîtra avec le jour qui se lève. Notre vieillissant mais encore vaillant Volvo prendra le relais pour longer le sud de Porto-Rico. Notre idée est de s’arrêter rapidement à la Marina de Poncé pour faire le plein de fuel et repartir sans faire nos formalités... Nous arriverons effectivement au ponton carburant vers 14h en espérant repartir au plus vite pour conserver le bénéfice de cette fenêtre météo favorable... C'était hélas sans compter sur le désagréable et inutile zèle du responsable de la marina qui interdit au pompiste de nous servir si nous ne faisons pas de déclaration douanière et d'immigration aux autorités. Nous sommes déjà venus à Ponce, il y a 3 ans, les bureaux sont en ville, il faudrait sortir du (grand) complexe de la marina à pied puis trouver un taxi et faire la queue pour de la paperasse inutile dans le sens ou nous quittons le pays aussitôt les papiers d'entrées tamponnés. Je maudis ce vilain personnage empêcheur de tourner en rond mais avant toute choses nous passons un coup de fil aux autorités pour avoir confirmation de l'obligation des formalités. Elles nous le confirment, hélas, mais nous apprennent, heureusement, qu'une équipe est en déplacement à la marina et qu'ils les contactent pour leur demander de passer sur le bateau... Une lueur d'espoir naît... Une voiture de patrouille arrive 3 minutes après avoir raccroché, 2 officiers (une femme et un homme) compréhensifs et courtois – on est aux US – montent à bord et intègrent parfaitement et rapidement notre situation. Les formulaires sont remplis en 4ème vitesse puis tamponnés, nos visas américains permanents sont en règle, nous pouvons faire le plein de diesel et repartir rapidement...

Le ponton carburant de Porto Rico ...


Une brise de terre s'est levée et avec la mer plate, car nous sommes sous le vent de l'île, nous filons 9 nœuds en ligne droite... Nous rêvons et imaginons pouvoir aller ainsi jusqu'aux Iles Vierges Britanniques. Notre rêve durera 50 milles, puis au milieu de la nuit nous arriverons à l'extrémité Est de l'île ou cette jolie brise thermique laissera la place à un fort vent de 23 nœuds établi et de face que nous prendrons comme un boulet de canon. La mer se forme très rapidement et la fin de nuit sera un enfer. Nous tirons des bords à l'efficacité désastreuse. Face à cette météo non-prévue, il est temps de sortir le plan B – oui, il y a toujours un plan B – et faire route sur Vieques, la première île après Porto-Rico. Nous sommes au petit matin et avançons péniblement vers le mouillage du plan B quand de gros grains isolés font leur apparition... Dont un qui croise notre route... On le laisse un peu s'approcher car il a peut-être le temps de se dissoudre avec la chaleur du jour qui se lève. Monsieur gros grain ne se décide pas à se disparaître malgré la proximité de notre abri, nous devons virer aux premières rafales à 27/28 nœuds. La houle est plus « ronde » sur l'autre bord, on débride de 5° et Jingle accélère pour fuir le grain.

Si on continue comme ça, dans 400 milles on est aux Grenadines, c'est joli aussi mais ce n'est pas du tout notre destination. On vire après 20 milles. Les grains sont partis, on peut donc se rapprocher à nouveau de Vieques. Dix milles plus loin, une belle et aussi inattendue qu'inespérée adonnante nous autorisera à gagner en cap et, ainsi, pouvoir passer Vieques par l'Est, de peu, certes car nous ne sommes passés qu'a quelques centaines de mètres des cailloux mais c'est passé. L'adonnante donne encore un peu et se calme et nous poussons ainsi le bouchon d'une vingtaine de milles supplémentaires jusqu'à St Thomas, la plus grande des Îles Vierges Américaines. Ce soir nous allons pouvoir dormir au calme.

Les Îles Vierges ...


Il fait nuit noire quand nous arrivons dans la petite baie de Brewer's Bay, plusieurs bateaux y habitent déjà et l'endroit est bien encombré. Nous entendons à la radio «  Au bateau qui arrive a Brewer's Bay, voulez-vous un radio-guidage pour vous aider à mouiller dans la baie ? » - et après on me demande pourquoi j'apprécie les voyageurs anglo-saxons... - je répond évidemment par l'affirmative et suit le guidage qu'on me propose, l'ancre est plongée, mon nouvel ami d'Ocean Wing et désormais voisin est remercié, il est 20h... Pas trop tard pour un apéro ? Hein ? … Puis une bonne douche chaude, une gamelle bien remplie et au lit !

Il est plus de 10h quand nous émergeons... Nous sommes encore un peu fourbus mais bien reposé. Nous nous sommes aperçus qu'un des bossoirs – les supports de l'arrière du bateau ou est suspendu notre dinghy – avait pris un angle bizarre dans nos cabrioles par mer formée. La journée sera passée à cette réparation. Demain nous partons pour Charlotte-Amalie la capitale de l’île située dans la baie du même nom, c'est mieux protégé et plus facile d'aller à terre...


La bataille vers l'Est s'est poursuivie, nous avons encore gagné quelques 220 milles en en parcourant 267 au total en réduisant notre vitesse à 4,5 nœuds pour gagner en cap. Ce n'est pas fini, mais nous commençons à en voir le bout. Courage !