jeudi 31 janvier 2019

4ème Transat (Partie 2) : Cap Vert - Martinique

Grand Largue
Préparatifs tranquilles du matin, puis il est 11h45 quand on quitte la marina de Mindelo.
On se fait cueillir par un vent établi à 27 noeuds dans le canal, ce n'est pas une surprise pour nous, la grand-voile est déja à deux ris et tout est rangé. Le courant de 3 noeuds nous dépale rapidement sous le vent de l'ile puis on sort de la zone protégée avec un 20 nds établis avec rafales à 26/27. La houle est croisée et peu confortable.

Il faudra attendre le soir pour que les rafales se calment et que la houle s'organise... Bon, ça y est: on est partis !

Quelques jours plus tard, le vent est nettement plus calme, on est sur du 20 noeuds au grand-largue (150° du vent), la houle cogne un peu car elle est encore grosse mais tout va bien. On est un peu juste en énergie car les matinées sont couvertes. On à du soleil dans la journée, majoritairement, puis des grains la nuit. On pêche, on discute, on se repose, on mange, on boit le café, on dort... Rythme transat quoi.

Les jours suivant seront passés à faire un peu de mécanique, un des moteurs ne charge pas. Merci Iridium GO, nous pouvons "tchatter" avec Volvo et démonter des trucs et remonter des machins pour faire des essais, interversion des alternateurs, des faisceaux, des boîtiers électroniques, etc : C'est encore ce bon sang de MDI qui merdoit. Le vent est stable, sauf sous les grains la nuit. On conserve un ris de sûreté.

Depuis quelques jours, on à commencé à rencontrer des "sargasses", ces algues massives et dérivantes qui s'agglutinent en véritables îlots épais de plus d'1m et vont jusqu’à gêner notre avance en perturbant la mobilité des safrans. Météo, le schéma se répète avec des vents à 20/22nds en début de nuit, forcissant entre 24 et 27 en milieu de nuit puis revenant à 20/22 au matin faiblissant un peu trop en fin de journée, puis le cycle reprend. Cela fait tourner les moteurs ou le groupe, nous avons de l'eau douce à profusion, on fait même tourner la machine à laver et on compense le faible ensoleillement pour charger le parc de batteries.

Les grains nocturnes continuent avec leurs 30/33 noeuds en rafales, on même eu du 40nds avec un grain blanc un matin. Sinon généralement les conditions sont plutôt calmes et stables.

On réalise de bonnes prises quand les lignes ne se prennent pas dans ces bon-sang de sargasses maintenant omniprésentes. Gilles nous prépare de bons petits plats, bons pour la panse, bons pour le moral !

Nous sommes le 14 quand, en fin de nuit (celle du 13 au 14, j'aurais pu dire super tôt le matin, mais c'est vraiment super tôt donc plutôt encore la nuit)...  on commence à distinguer le halo propre aux îles qui apparaissent la nuit dans le lointain (j'adore ces moments) ... La Martinique est devant nous !

Au menu ...

Les phares les plus puissants sont clairement visibles, puis c'est le tour des lumières de l'île dont nous finirons par apercevoir les contours au petit jour. Nous sommes accueillis par une forte houle soulevée par l'élévation des fonds ainsi qu'une quantité incalculable de bouées de casiers, c'est évidement dans ces moments "tendus" que les filtres à gas-oil s'engorgent des bactéries de fond de cuve et font ratatouiller les moteurs...
La pointe sud est passée, nous sommes à l'abri et faisons route vers Ste Anne, ce havre de paix et de joie. Il est midi tout pile quand l'ancre est jetée, stabilisée et que les moteurs sont coupés. 

Opération Attitude 115 Ouest : mission accomplie ! 

Bilan et culture marine:
- La Loxodromie est un tracé de route qui coupe les méridiens à angle constant, c'est la trajectoire suivie par un bateau à cap constant. Représenté par une ligne droite sur une carte (projection de Mercator) mais ne représente pas la route la plus courte.

- L'Orthodromie désigne le tracé de route le plus court entre deux point du globe. C'est le plus petit des deux arcs du grand cercle joignant ces deux points, il n'est donc pas représenté par une ligne droite sur les cartes marines mais par une courbe (c'est toute la magie du truc).

- L'Alcolodromie désigne une toute nouvelle technique très très secrète de tracé de route que nous avons mis au point très récemment suite à cette traversée. Les ordinateurs étudient encore les données enregistrées et nous attendons de modéliser la projection gnomonique avec le produit scalaire des coordonnées du vertex avant de rendre cette découverte publique ...

Toujours est-il que :
- Loxodromie : 2103 milles
- Orthodromie: 2086 milles
- Alcolodromie: 2137 milles ... moi, je dis bravo !

La joie des couchers de soleil en mer ...
La joie des quarts de nuit ...
Les bienfaits de la réflexion et de la solitude ...

Les joies de la gueule de bois ...

dimanche 20 janvier 2019

4ème Transat (Partie 1) : Canaries - Cap Vert

Il est 11h00 quand nous larguons les amarres, les marinéros du port sont là pour nous donner un coup de main avec la manœuvre.
Celle-ci, bien que peu compliquée, est tout de même délicate. En effet, le bateau est large et passe tout juste dans la rangée de bateau qu'il va falloir remonter entièrement pour sortir du port.
Des rafales de vent latérales ont la fâcheuse tendance à pousser le bateau sur le coté pour aller le faire cogner sur les bateaux à quai, on ne peut pas se le permettre, on attend donc le bon moment pour sortir de ce piège.
Détail: cette manœuvre se fera en marche arrière...

C'est bon ? On y va ! le bateau n'a pas fait 10 mètres que la butée de barre se bloque sur le coté faisant dévier sans cesse la trajectoire du bateau. On jure, mais on y va quand même, pas le choix, plus lentement et en jouant sur les deux moteurs pour rattraper les écarts dus à la barre bloquée. On s'amarre rapidement à un ponton près de la sortie du port, réparation et zou! C'est parti pour de bon !


Le vent, fort près des îles, baisse un peu en s'en éloignant. La fenêtre météo prévue pour la descente n'est pas folichonne mais à le mérite d'avoir des vents faibles et orientés dans le sens de la marche ainsi que la houle.
24 heures seront tout de même nécessaires à nos organismes pour s'amariner. Une quarantaine de dauphins viendra accompagner le bateau pour célébrer ça le deuxième jour.

Le mardi on aura du 20/23 noeuds avec de beaux surfs à 10/11 noeuds, ce sera le record de vitesse vent et bateau de toute la descente. Le reste se fera avec une petite brise qu'il faudra parfois aider à coup de Volvo mais qui nous permettra de nous "câler" au niveau rythme de vie à bord, quarts de nuits, repas, navigation, etc ...

Arrivée sur Mindelo

 Au niveau pêche, de belles touches, mais seuls les steaks hachés et les omelettes aux champignons se seront laissés attrapés. Tant pis...

Samedi matin, nous n'avons plus de vent du tout depuis la veille, nous arrivons en vue de Sao-Vicente au petit jour. Il est 11h00 quand nous rentrons dans le port industriel de Mindelo, nous commençons par aller faire les pleins au ponton carburant puis à 13h nous sommes amarrés à une place dans la marina, les papiers d'entrée sont faits. Petite collation, puis glandouille-sieste l'après midi en attendant le moment crucial de l'apéro au bar de la marina (meilleur endroit de la ville pour ce genre d'activité).
Bière et vins, puis tapas avec croquettas de thon, calamars frits, etc ... Le lendemain matin, on s'apercevra que le calamars mal frit donne un léger mal de tête au réveil... On s'en fout, on est arrivés, on est content. 820 Milles nautiques de parcourus, 6 jours de navigation, petite moyenne mais grand plaisir...

Mindelo, son port, sa marina ...