lundi 30 mai 2016

Antilles-Açores: vent debout, vents forts et ventre-à-terre ...

Livraison express: Merci Hervé !
Vendredi, jour du départ, 6h debout. 
Nous quittons le mouillage confortable de Ste Anne en diretion du Marin pour faire le plein de gas-oil.
Hervé (ex-TraouMad, maintenant sur Topaze avec sa petite famille) vient nous y saluer et nous apporter un ultime colis qui vient d'arriver de chez Nespresso, nous aurons du café pour cette transat !

Le vent se lève un peu et nous virons la pointe des Salines vers 10h30. Le vent est fidèle à ce que nous attendions et nous faisons route dans le 10.
A 13h, nous nous prenons 1 puis 2 orins de casier dans le safran babord, le bateau s'arrête et se met tout seul en panne. Sandrine se met à l'eau avec masque, tuba et couteau et moins d'une demi-heure plus tard nous repartons. Nous devons, du coup, effectuer une veille attentive aux casiers qui sont tous en dehors des zones autorisées, on se demande après pourquoi il n'y a plus de langouste en Martinique...
17h premier grain, 23 nd de vent pendant 2 heures puis retour au calme.

Nous passerons la Dominique pendant la nuit, ainsi que la majeure partie de la Guadeloupe. Au matin du samedi nos avons une mer hachée qui cogne un peu et rend la navigation peu confortable, nous sommes au bon plein et ne pouvons guère abattre, ni lofer sans perdre beaucoup en cap... Le vent est assez fort, nous sommes sous 1 ris et genois 4/5. L'ambiance est sport mais la pêche est bonne.

Ceci durera 7 jours. Sept jours qui se ressemblerons à +/- 10° de vent et donc de route et +/- 5 noeuds de vent. Nous avançons bien, le reste n'est qu'endurance et patience.

Puis les vents de Nord-Est finiront par adonner... en faiblissant. Le pilote réglé sur la girouette suivra ce changement, quoiqu'au final rien n'ait vraiment changé, nous sommes toujours au bon plein, la mer à suivi le vent, seul notre route s'est orientée ves l'Ouest et, évidemment, notre vitesse à chuté. Ha oui, le temps s'est dégradé, le soleil à quasiment disparu et il commence à faire frais. Nous collectionnons tout de même les dorades meunières, dorade aux pommes sautées et fines herbes, colombo de dorade, dorade au gingembre, champignons noirs et son riz au soja, nouilles sautées ail et dorade, etc etc ...


Nous allons ensuite rentrer dans la phase "énervante" du parcours. En effet, nous avions imaginé une transat au portant par vent faible a modéré et nous avons rencontré un vent très "joueur" qui nous a littéralement tourné autour en variant sa vitesse. Excellent pour l'entrainement aux manoeuvres, mais nous avons passé une semaine complète à régler nos voiles, empanner, virer, border et prendre des ris sans arrêt, pour pouvoir passer les grains succéssifs... Acceptable de jour, ça devient vite lassant la nuit quand il faut manoeuvrer 4 fois au lieu de dormir. Nous aurons même à faire le gros dos avec des vents réels relevés à 52 noeuds lors de passage de grains.. Tout ça pour de pas avancer beaucoup sur notre route car les vents non seulement ne sont pas favorables mais ne sont pas très puissants non plus en dehors des rafales orageuses. Globalement, on se traine ... et le temps est toujours aussi maussade...



Puis la mauvaise nouvelle météo tombe: la dépression que nous observions du coin de l'oeil depuis plusieurs jours va nous passer dessus. Elle est actuellement très au nord-ouest mais arrive très vite et se forme dangereusement. Les prévisions satellites annoncent des vents de l'ordre de 50 à 60 noeuds. Toutes les hypothèses de routes sont étudiées pour échapper à la bête qui grossit chaque jour et qui va s'abattre sur nous. On imagine même de partir en fuite plein sud, plein nord... Mais rien n'est convaincant... Je n'aime pas prendre la cape, je ne sais même pas ce que cela pourrait donner avec un catamaran. L'option choisie est donc de filer comme une balle vers notre destination, la depression, suivant nos calculs, devrait ainsi nous rattraper le jour de notre arrivée. L'idée est simple: faire vitesse max en ligne droite vers l'archipel des Açores - la première ile venue fera l'affaire - puis faire un arrêt au frein à main dans la première planque disponible et attendre une semaine que la depression passe.

Ca tombe bien, les prémisces du mauvais temps font que le vent se lève et s'oriente grand-largue. La mer se forme rapidement dès la première nuit et nous donne la mesure de ce qui nous suit. Cela à le mérite de nous offrir une vitesse moyenne à plus de 9 noeuds avec des pointes de vitesses à 17 noeuds sur de longs surfs. L'ambiance est à la préparation au combat, on range tout le matériel extérieur, on arrime, on sangle, on sécurise. Puis on attend... Il fait froid, le ciel est lourd, noir et chargé. Chaque jour qui passe le vent forcit, mais la grosse claque nous suit toujours et s'approche. Enfin, les Açores apparaissent sur nos écrans...

Nous prendrons la passe entre Faial et Pico

Au petit matin, nous pouvons affiner notre route. La dépression aurait déja du nous rattrapper mais nous n'avons "que" 30 noeuds. Nous décidons donc de passer par le goulet entre les iles de Faial et Pico, puis une fois "dedans" nous aviserons en fonction de l'état de la mer et de l'avancée de la bête si nous tentons une manoeuvre d'entrée dans le port ou si descendons le goulet et allons mouiller derrière une des iles.

Nous avons un autre problème, le brouillard est à couper au couteau et nous ne voyons rien. Les îles sont invisibles, les autres bateaux, voiliers et de pêche, qui rentrent également dare-dare à l'abri ne sont visibles que sur l'electronique. Les feux et phares censés nous confirmer la présence des îles sont absents, nous sommes dans le coton et le vent est monté progressivement à 35noeuds et monte encore... Il ne manquait qu'elle, la pluie s'est invitée à la fête...

Tel un sous-marin, nous avançons en aveugle vers la passe. Arrivés à sa hauteur, la
remontée brusque des fonds génère des vagues plus sévères encore. Les vents sont maintenant à 40 noeuds, la pluie bat son plein, nous entrons dans la passe. La lame est trop "pointue" pour que nous imaginions un 180° bout-au-vent. Nous affalerons donc plein vent arrière, nous sommes à 3 ris, il ne reste donc plus beaucoup de toile en l'air mais 20 minutes de jurons seront nécessaires à cette manoeuvre... Comme quoi, d'avoir du vocabulaire, ça aide !

La nuit est maintenant tombée, travers à la lame, on à demandé à nos moteurs, faibles et cassés, leur maximum pour nous diriger vers la digue de Horta. Des enrochements brisant les lames sont juste sous le vent à quelques encablures seulement et nous entendons la furie des vagues et du vent malgré la pluie et le brouillard. Le démon d'une panne moteur vient nous frôler l'esprit, si cela arrivait dans ces circonstances le bateau serait perdu. Nous ne sommes qu'a 300m du feu rouge de l'extrémité du môle quand nous l'apercevons à travers les batrasses de flotte. A peine sommes nous passés de l'autre coté que la mer se calme. Le vent est toujours présent et ne nous permet pas de communiquer de loin, aussi Sandrine à ses directives pour mouiller l'ancre: dès que je hurle, elle envoie 70m de chaine! Les moteurs (en fait "le" moteur) ne sont pas assez costauds pour remonter le vent aussi, dès que le sondeur à annoncé moins de 10m de fond, on a balancé l'ancre. Sandrine rentre se mettre aussitôt à l'abri, je reste à surveiller que le mouillage tienne bien avant de me détendre.

Nous sommes trempés et transis car l'eau est entrée dans nos vétements de haute-mer hauturier super-goretex super-cher super-Musto mais qui fait passer super-bien l'eau, il en est de même pour nos bottes. Nous sommes comme deux chiens mouillés grelottant sous l'orage... mais rien qu'une bonne douche chaude et une soupe brulante accompagnée d'un coup de rouge ne viennent à bout !


Bilan: 18 jours, 2700 miles nautiques... On avait prévu de la lecture en cas de manque d'action, et bien, on ne s'est pas ennuyé !


1 commentaire:

  1. la mamou de saltimbanque2 octobre 2016 à 05:37

    ben .... ça valait le coup d'attendre le récit !!

    la bretagne doit vous sembler bien douce en ce moment !

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