dimanche 12 avril 2015

Faut pas rigoler dans les Rigolets ...

Fort Myers, ciel bleu, palmiers, Floride ...
Nous quittons Fort Myers avec dans l'idée de remonter le long des côtes le plus au nord possible car
le régime de vent est d'Est la journée mais tourne Nord la nuit nous imposant des sauts de puce de 50 à 60 milles journaliers.

Il y a pire dans la vie que de longer la côte Est de la Floride, même avec une météo capricieuse, mais le chronomètre s'est déclenché avec l'annonce de l'arrivée de nos prochains matelots qui embarquerons à la Nouvelle-Orléans et il est toujours "tendu" de naviguer avec un compte à rebours en arrière pensée qui élime les notions de navigation en sécurité.
Nous découvrirons lors de notre remontée des escales comme Knight Island la déserte, la belle Anna-Maria Island puis nous emprunterons la passe de Clearwater, ville de science fiction, afin de rallier les canaux longeant la côte car le temps se dégrade et il devient difficile de trouver des abris pour la nuit. Nous passerons ainsi à Dunedin et ses belles villas de bord de mer, puis à Dutchman Keys qui sera notre dernière escale avant de retrouver le Golfe du Mexique pour une traversée de 180 milles vers Port Saint Joe.

Escale en Floride

Les conditions ne sont pas des plus favorables pour partir mais rien de réellement dangereux. Des grains un peu musclés viendront gâcher un peu notre sommeil sinon plutôt une navigation "à 3 ris" assez tranquille ou de multiples dauphins viendrons agrémenter le voyage quand de beaux Wahoo viendront agrémenter nos repas. Sandrine est devenue une spécialiste des Nuggets de Wahoo, j'en raffole ...

Architecture simple mais efficace: de l'air, de l'ombre, de l'eau ...

A la hauteur de Port Saint Joe, notre destination initiale, nous décidons de prolonger le plaisir de 100 milles supplémentaires et de rallier plutôt Pensacola. Une fois sur place, pour pénétrer dans la zone abritée, la passe d'accès aux multiples courants, aux nombreux hauts-fonds et autres bancs de sable non-répertoriés nous fait payer le salaire non de la peur mais de la patience. En effet, les courants sont forts et nous sommes dans une zone à seulement 2 marées par 24h et ... nous sommes, évidemment, dans les 12h de marée descendante et le reflux nous vole les quelques noeuds qui nous manque pour naviguer sereinement.

Départ de Anna Maria au petit matin

Pensacola, patrie des "Blue Angels", l'équivalent de notre "Patrouille de France" mais version américaine sur F18 - Hornet. Ces derniers, qui s’entraînent tous les jours nous offrirons un spectacle juste au dessus de nos têtes car nous sommes ancrés à la limite de la zone militaire.

Le lendemain, nous emprunterons les canaux intérieurs pour aller de baies en baies et pour mouiller le soir dans celle de Mobile. Nous aurons aussi passé la frontière entre la Floride et l'Alabama. Les paysages dans ces méandres aquatiques abrités sont superbes, parfois tranquilles et déserts, plein de verdure et de vie sauvages, les eaux sont poissonneuses, les airs sillonnés par les Balbuzards, les Hérons cendrés et des nuées de Pélicans, les fourrés et taillis nous révèlent renards et cochons sauvages et parfois de petites villes, intégralement tournées vers l'eau et ses activités, jalonnent ces multiples cours d'eau aux embarcations variées.

La baie de Mobile
Après Mobile, nous naviguerons dans le Mississippi Sound, une zone le long de la côte et protégée par un chapelet d'iles et d'ilots qui coupe les effets de la mer sans arrêter le vent. Le bonheur des voiliers, à conditions de faire attentions aux multiples bancs de sables (encore eux!)  qui se déplacent d'une année sur l'autre dans cette zone de navigation qui affiche deux mètres de fond seulement. D'énormes péniches et autres pousseurs utilisent le canal qui est creusé au milieu de cette zone de
Plateformes pétrolières: amers remarquables ...
hauts fonds, parfois un bateau ou une flotte de pêche. Nous devons par moment, nous aussi, utiliser ce canal tant la zone est de faible profondeur et partager cet espace avec ces monstres de plusieurs centaines de milliers de tonnes. Heureusement, l'ambiance est "américaine" et donc loin du coté "gros con" de nos pénichards français ou, pire, de nos marins pêcheurs bretons et le dialogue à la VHF est, non seulement existant, mais unanimement plus que cordial et l'organisation de qui passe devant et qui passe à gauche se fait sans heurts.

Cela fait un certain temps que nous naviguons dans les eaux boueuses du Mississippi mais là, nous arrivons aux pieds du lac Pontchartrain, en Louisiane. Nous mouillerons près de Rabbit Island, l'endroit est réputé pour avoir de la place pour plusieurs bateaux mais après avoir échoué 2 fois dans la vase, nous nous sommes tenus un peu à l'écart de cet abri, pas de chance les grains vont se succéder toute la nuit... Au matin, je dois monter dans le mat - vous avez vu la vidéo - pour "diminuer" notre mat d'un mètre en inversant l'antenne VHF, en effet, nous avons 5 ponts à passer dont 1 qui ne nous permet pas de passer avec notre tirant d'air actuel, donc ... démontage.


Le premier pont est un énorme pont de chemin de fer métallique tout en longueur avec une partie au milieu qui tourne sur elle-même. Les pont ne s'ouvrent que si on les appelle à la radio:
- "CSX Bridge ici le catamaran Jingle"
- " Catamaran Jingle ici CSX Bridge, comment ça va ce matin Capitaine ?"
- " Ça va plutôt bien et vous sir ? Vous êtes de quart pour tout le week-end ? (nous sommes un samedi)"
- "Oui, mais j'aime autant comme ça je peux aller pécher en semaine... "

et bla et bla ...
- "Heu ... j'arrive près de votre pont, je heu ... "
- "Ha oui, pardon, j'ouvre ! Bonne journée Capitaine ! ".
- "Bonne journée sir".

Haaa, cette courtoisie ...

Celui-là ne s'ouvre pas ... 
Par chance nous n'aurons pas de courant contraire lors de la remontée des Rigolets ( Prononcer Rigoliz ), cette "passe d'accès" est un véritable cours d'eau qui fait 18 milles de long. Puis, enfin, nous naviguons sur le lac (!)  qui n'a de lac que le nom car c'est un lac salé qui fait 4 fois le lac Léman et sa surface s'agite comme une mer intérieure lorsqu'il y a du vent. Nous avons moins de 20 milles à faire pour rejoindre la Nouvelle Orléans. On à hâte, on va y retrouver nos parents, on va nous y livrer notre nouveau jeu de voile et nous allons nous y reposer car mine de rien cela fait 3 semaines que nous naviguons et ... nous sommes fatigués :)

La Nouvelle Orléans 


1 commentaire:

  1. Bonjour
    Bravo pour les explications, naviguer c'est du boulot à plein temps !!!
    Bon vent à tous les deux.
    En Alsace 45 degrés à l'ombre et pas la mer.
    Bisous.
    Claude

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