mercredi 4 septembre 2013

Blessure d'orgueil n'est pas mortelle ...

Une histoire étonnante, celle de Roz Avel un bateau en voyage actuellement en Espagne sur la côte Atlantique. Nous nous trouvons sur internet via nos blogs, nous suivons nos aventures respectives puis j’apprends que le blog de Spirit of Traou Mad faisait partie de ses lectures quand Florin et Nathalie préparaient leur voyage. C'est touchant.
Là, il vient de leur arriver une "tuile" avec des dégâts, pas au bateau mais à l'annexe, ça aurait pu être pu être pire (c'est un peu ce que l'on se dit a chaque fois pour relativiser) mais le moral en prend un coup, on doute, on ne sait si on est à la hauteur de la "tâche" de capitaine, de "sa" tâche, on s'interroge... C'est là qu'il faut des "copains-bateaux" qui soutiennent et remontent le moral, c'est ce que je fais ici en partageant mes propres ennuis :

Ô comme je vous comprend, ce sentiment d'être seul et que la nature et le destin se sont mis d'accord pour nous créer les pires emmerdes, ceux qui viennent là ou ne s'attend pas et, bien entendu, au mauvais moment... La vie en mer est vache et ne nous fait pas beaucoup de cadeau. Je sais que je ne vais pas vraiment vous aider en vous racontant ce qui va suivre mais cela vous fera vous sentir moins seuls dans la grande spirale des emmerdements.

1/ Concernant les grains, nous venons de vivre à peu près la même chose à Annapolis, nous mouillions dans la rivière, des marinas de chaque coté, le vent est "en théorie" dans l'axe de la rivière ainsi que le courant (!) on ne doit pas bouger même si le fond est très moyen au niveau de l'accroche et que nous n'avons mis que 30m de chaine pour pouvoir éviter, puis .... le grain arrive ! 30à35 nds en rafale, tous les bateaux à l'ancre dérapent sans exception et vont s'abimer et taper contre les quais, contre les pieux, contre les ancres et les étraves des bateaux amarrés. Nous, nous avons la chance d'être à bord, les moteurs sont démarrés et les ciré capelés puis je reste dehors sous les trombes d'eau pendant 3/4h pour éviter le bateau devant qui dérape puis éviter les quais derrière moi et contrer les rafales qui ne se calment pas. Nous remonterons l'ancre une fois le grain passé pour aller mouiller ailleurs ... Puis on réfléchi... heureusement que nous étions à bord, c'est pas passé loin... on venait juste de rentrer...

2/ Arrivée à New York, le long de l'Hudson river, on arrive "presque" à l'étale, il y a 2 nds de courant. pas grave une fois à l'intérieur de la marina on sera protégé et je pourrais manœuvrer, de plus il n'y a que 5 nds de vent donc c'est tranquille. Je fais un tour sur place avant de rentrer, le gars de la marina nous voit, nous fait signe pour nous indiquer notre place, ok, c'est serré et je dois faire une manœuvre un peu tendue mais on rentre. Une fois engagés à l'intérieur, nous seulement nous ne sommes pas protégés du tout du courant mais au contraire un effet d'accélération se fait nettement sentir en traversier car ce n'est pas un quai mais un dock sur pilotis, de plus une bourrasque propre au milieux urbains nait au même moment, nous sommes dans un passage délicat (bien sur) et nous sommes immédiatement déportés sur le coté et "Scrotchhh" nous sommes empalés sur les ancres des bateaux sur bâbord. Le courant nous pousse et fait osciller le bateau de gauche a droite, il faut partir sinon on va découper le bateau comme une boite de conserve. Là, je vous épargne les bruits stridents du glissement des boulons du catways et des ancres le long du gel coat qui entaillent jusqu'à la strat'. Deux essais nous serons nécessaires pour sortir de là avec l'aide des proprio qui sont à leur bord... Nous sortons de la marina, faisons une boucle et nous arrangeons avec le gars de la marina par VHF pour aller à une autre place, face au courant cette fois. Un zig et zag plus tard nous voilà installés. Ca bouge, ça cogne contre les pare-batt' car l'Hudson est fréquenté par de gros bateaux mais, après de longs réglages d'amarres, on est "installés". Puis le soir, au moment ou je termine la stratification de réparation d'urgence pour éviter les infiltrations d'eau, le gars vient nous dire que nous devons changer de place car c'est celle d'un bateau à l'année et qu'il revient... demain ! Ok... super... le lendemain on attend l'étale (qui n'arrive quasiment jamais dans un fleuve) puis je dois faire faire une marche arrière en angle pour sortir en évitant le quai et les vilains pieux à l'entrée. Je ne peux sortir en ligne droite car le catway et le quai ne sont pas parallèles (emmerde maxi quand tu nous tiens...), je dois appeler quelqu'un qui poussera sur mon étrave avant d'engager ma marche arrière. On y va, faut pas trainer car le courant ne nous laisse pas le choix puis bang contre le quai (???...), on pousse, on pare, on recule à nouveau, puis bang! l'angle du quai, on pivote dessus, on glisse (scrishhhhh) puis les vilains pieux frôlent la jupe arrière si fragile, une rafale de vent nous décolle de 30 cm... machine arrière gros régime, mais le bateau ne recule pas en ligne droite et nous fait une pirouette que je ne lui avait jamais appris avant (???...). Ouf on est dehors, mais immédiatement je sens que quelque chose cloche. Rapidement je m’aperçois que le safran tribord n'est plus dans l'axe. Hier lors des chocs il a du taper et se décaler, les 2 safrans ne sont plus alignés, je comprend mieux pourquoi nous ne sommes pas sortis proprement de notre place. C'est déja ça mais il faut réparer et nous sommes au beau milieux de l'Hudson et son trafic. Les outils et moi dans la cale moteur d'un coté et Sandrine au poste de barre qui doit essayer de ne pas trop y toucher pour ne pas m'écraser le poignet avec la démultiplication et ne pas non plus trop toucher au régime du moteur sur lequel je suis assis... Je ressors de là une demi-heure plus tard, transpirant, de la graisse et du sang sur les mains (et mes habits) mais on peut y retourner. Le courant s'est maintenant bien établi, c'est donc en crabe que je passerais les pieux (les vilains) de l'entrée puis irais placer le bateau dans sa "nouvelle" place ou nous avons un angle de catway qui nous laisse 40 cm de passage... Ca glisse, ça passe, on amarre et on déclare solennellement et fermement que l'on ne bougera pas d'ici pendant 2 semaines !

Je ne dis pas que je n'ai pas passé une mauvaise nuit avec des "j'aurais du voir, j'aurais du faire, j'aurais savoir" mais blessure d'orgueil n'est pas mortelle... et on ressort de là grandi car on à étudié l’événement et mis le résultat au fond de la grande poche que l'on nomme l'expérience.

Aujourd'hui, je dois changer les vis pointeau qui font la liaison-fusible entre le secteur de barre et l'axe de celle-ci et vérifier que les filetage ne sont pas touchés... pour la strat' et le gel coat, le plus gros est fait, le reste n'est que cosmétique et se fera lors de la prochaine sortie d'eau, après tout c'est un bateau de voyage... est-ce que l'on s'occupe des rayures de peinture d'un 4x4 de brousse ? Non, alors, on répare le bateau, on met des pansements sur les mains et le voyage continue ...


 Le voyage de Roz Avel: http://rozavelitineraires.wordpress.com/

1 commentaire:

  1. Je crois que c'est le bruit de la coque qui heurte, frotte, rape le plus difficile à supporter. Même bien après l’événement lorsqu'on se remémore ce son si particulier, l'estomac se noue... Scraaaaaaaaaachhhh.... Brrr !!!!

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