Une histoire étonnante, celle de Roz Avel un bateau en voyage actuellement en Espagne sur la côte Atlantique. Nous nous trouvons sur internet via nos blogs, nous suivons nos aventures respectives puis j’apprends que le blog de Spirit of Traou Mad faisait partie de ses lectures quand Florin et Nathalie préparaient leur voyage. C'est touchant.
Là, il vient de leur arriver une "tuile" avec des dégâts, pas au bateau mais à l'annexe, ça aurait pu être pu être pire (c'est un peu ce que l'on se dit a chaque fois pour relativiser) mais le moral en prend un coup, on doute, on ne sait si on est à la hauteur de la "tâche" de capitaine, de "sa" tâche, on s'interroge... C'est là qu'il faut des "copains-bateaux" qui soutiennent et remontent le moral, c'est ce que je fais ici en partageant mes propres ennuis :
Là, il vient de leur arriver une "tuile" avec des dégâts, pas au bateau mais à l'annexe, ça aurait pu être pu être pire (c'est un peu ce que l'on se dit a chaque fois pour relativiser) mais le moral en prend un coup, on doute, on ne sait si on est à la hauteur de la "tâche" de capitaine, de "sa" tâche, on s'interroge... C'est là qu'il faut des "copains-bateaux" qui soutiennent et remontent le moral, c'est ce que je fais ici en partageant mes propres ennuis :
Ô comme je vous comprend, ce sentiment
d'être seul et que la nature et le destin se sont mis d'accord pour
nous créer les pires emmerdes, ceux qui viennent là ou ne s'attend
pas et, bien entendu, au mauvais moment... La vie en mer est vache et
ne nous fait pas beaucoup de cadeau. Je sais que je ne vais pas
vraiment vous aider en vous racontant ce qui va suivre mais cela vous
fera vous sentir moins seuls dans la grande spirale des emmerdements.
1/ Concernant les grains, nous venons
de vivre à peu près la même chose à Annapolis, nous mouillions
dans la rivière, des marinas de chaque coté, le vent est "en
théorie" dans l'axe de la rivière ainsi que le courant (!) on
ne doit pas bouger même si le fond est très moyen au niveau de
l'accroche et que nous n'avons mis que 30m de chaine pour pouvoir
éviter, puis .... le grain arrive ! 30à35 nds en rafale, tous les
bateaux à l'ancre dérapent sans exception et vont s'abimer et taper contre les quais, contre les pieux, contre les ancres et les étraves des bateaux amarrés. Nous, nous avons la chance d'être à bord, les moteurs
sont démarrés et les ciré capelés puis je reste dehors sous les
trombes d'eau pendant 3/4h pour éviter le bateau devant qui dérape puis
éviter les quais derrière moi et contrer les rafales qui ne se calment pas. Nous
remonterons l'ancre une fois le grain passé pour aller mouiller ailleurs ... Puis on
réfléchi... heureusement que nous étions à bord, c'est pas passé
loin... on venait juste de rentrer...
2/ Arrivée à New York, le long de
l'Hudson river, on arrive "presque" à l'étale, il y a 2
nds de courant. pas grave une fois à l'intérieur de la marina on
sera protégé et je pourrais manœuvrer, de plus il n'y a que 5 nds
de vent donc c'est tranquille. Je fais un tour sur place avant de
rentrer, le gars de la marina nous voit, nous fait signe pour nous
indiquer notre place, ok, c'est serré et je dois faire une manœuvre
un peu tendue mais on rentre. Une fois engagés à l'intérieur, nous
seulement nous ne sommes pas protégés du tout du courant mais au
contraire un effet d'accélération se fait nettement sentir en
traversier car ce n'est pas un quai mais un dock sur pilotis, de plus
une bourrasque propre au milieux urbains nait au même moment, nous
sommes dans un passage délicat (bien sur) et nous sommes
immédiatement déportés sur le coté et "Scrotchhh" nous
sommes empalés sur les ancres des bateaux sur bâbord. Le courant
nous pousse et fait osciller le bateau de gauche a droite, il faut
partir sinon on va découper le bateau comme une boite de conserve.
Là, je vous épargne les bruits stridents du glissement des boulons
du catways et des ancres le long du gel coat qui entaillent jusqu'à
la strat'. Deux essais nous serons nécessaires pour sortir de là
avec l'aide des proprio qui sont à leur bord... Nous sortons de la
marina, faisons une boucle et nous arrangeons avec le gars de la
marina par VHF pour aller à une autre place, face au courant cette
fois. Un zig et zag plus tard nous voilà installés. Ca bouge, ça
cogne contre les pare-batt' car l'Hudson est fréquenté par de gros
bateaux mais, après de longs réglages d'amarres, on est
"installés". Puis le soir, au moment ou je termine la
stratification de réparation d'urgence pour éviter les
infiltrations d'eau, le gars vient nous dire que nous devons changer
de place car c'est celle d'un bateau à l'année et qu'il revient...
demain ! Ok... super... le lendemain on attend l'étale (qui
n'arrive quasiment jamais dans un fleuve) puis je dois faire faire
une marche arrière en angle pour sortir en évitant le quai et les
vilains pieux à l'entrée. Je ne peux sortir en ligne droite car le
catway et le quai ne sont pas parallèles (emmerde maxi quand tu nous
tiens...), je dois appeler quelqu'un qui poussera sur mon étrave
avant d'engager ma marche arrière. On y va, faut pas trainer car le
courant ne nous laisse pas le choix puis bang contre le quai
(???...), on pousse, on pare, on recule à nouveau, puis bang!
l'angle du quai, on pivote dessus, on glisse (scrishhhhh) puis les
vilains pieux frôlent la jupe arrière si fragile, une rafale de
vent nous décolle de 30 cm... machine arrière gros régime, mais le
bateau ne recule pas en ligne droite et nous fait une pirouette que
je ne lui avait jamais appris avant (???...). Ouf on est dehors, mais
immédiatement je sens que quelque chose cloche. Rapidement je
m’aperçois que le safran tribord n'est plus dans l'axe. Hier lors
des chocs il a du taper et se décaler, les 2 safrans ne sont plus
alignés, je comprend mieux pourquoi nous ne sommes pas sortis
proprement de notre place. C'est déja ça mais il faut réparer et
nous sommes au beau milieux de l'Hudson et son trafic. Les outils et
moi dans la cale moteur d'un coté et Sandrine au poste de barre qui
doit essayer de ne pas trop y toucher pour ne pas m'écraser le
poignet avec la démultiplication et ne pas non plus trop toucher au
régime du moteur sur lequel je suis assis... Je ressors de là une
demi-heure plus tard, transpirant, de la graisse et du sang sur les
mains (et mes habits) mais on peut y retourner. Le courant s'est
maintenant bien établi, c'est donc en crabe que je passerais les
pieux (les vilains) de l'entrée puis irais placer le bateau dans sa
"nouvelle" place ou nous avons un angle de catway qui nous
laisse 40 cm de passage... Ca glisse, ça passe, on amarre et on
déclare solennellement et fermement que l'on ne bougera pas d'ici
pendant 2 semaines !
Je ne dis pas que je n'ai pas passé une mauvaise nuit avec des "j'aurais du voir, j'aurais du faire, j'aurais savoir" mais blessure d'orgueil n'est pas mortelle... et on ressort de là grandi car on à étudié l’événement et mis le résultat au fond de la grande poche que l'on nomme l'expérience.
Aujourd'hui, je dois changer les vis
pointeau qui font la liaison-fusible entre le secteur de barre et
l'axe de celle-ci et vérifier que les filetage ne sont pas
touchés... pour la strat' et le gel coat, le plus gros est fait, le
reste n'est que cosmétique et se fera lors de la prochaine sortie
d'eau, après tout c'est un bateau de voyage... est-ce que l'on
s'occupe des rayures de peinture d'un 4x4 de brousse ? Non, alors,
on répare le bateau, on met des pansements sur les mains et le
voyage continue ...
Le voyage de Roz Avel: http://rozavelitineraires.wordpress.com/
Le voyage de Roz Avel: http://rozavelitineraires.wordpress.com/
Je crois que c'est le bruit de la coque qui heurte, frotte, rape le plus difficile à supporter. Même bien après l’événement lorsqu'on se remémore ce son si particulier, l'estomac se noue... Scraaaaaaaaaachhhh.... Brrr !!!!
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