mardi 1 mars 2016

De Jamaïque à Haïti, très mat très mat ...

La Jamaïque comme nous l'avons vécue, dommage ...
Nous quittons la Jamaïque, son mauvais temps et ses torrents de boues aux aurores. Dans notre collimateur: Haïti, plus précisément l'Ile-à-Vache au sud de la péninsule sud.
Nous prévoyons 3 jours de navigation, peut-être 4 car nous sommes contre les vents. En effet, une brise d'Est est prévue dans cette fenêtre avec des variations Nord-Est et Sud-Est. Le vent doit, en principe, être suffisamment faible (max 20 Noeuds) pour être maniable, en revanche ce seront des allures de près. Tout le long du parcours.

La journée s'annonce belle et ensoleillée, une manière jamaïco-sarcastique de nous dire au revoir sans doute. Nous aurons tiré 4 bords la première journée sous 1 ris et 1 tour et déja le vent se révèle capricieux. Nous mettons cela sur le compte du relief de l’île, en effet les effets catabatiques nous envoient des accélérations de vent nous empêchant de libérer toute la toile, nous restons arisés et cela nous ralentit car un courant contraire à pointé son nez et nous envoie 1 à 2 noeuds de face...

On s'en sort bien ... :)

La journée s'achèvera avec de lourds nuages opaques sans orages ni éclairs mais avec des surventes et des changement de directions de vent peu reposant, la mer est hachée et difficile à passer sans puissance. Le même phénomène se reproduira au matin lors du lever du soleil et ainsi de suite tous les jours, deux fois par jours minimum nous aurons ces accélérations et changements de directions de vent pendant 2 à 3 heures...

Le reste du temps est passé à l'optimisation du cap tout en conservant de la puissance pour "passer"correctement cette mer démontée et contraire. Parfois une vague plus grosse, plus vicieuse et mal orientée, stoppe net le bateau qui met des siècles à se relancer contre le vent et ce satané courant. A mi-chemin, on ne projette même plus de date d'arrivée tellement notre avancée est aléatoire en terme de vitesse et de parcours. Puis, les derniers jours, nous bénéficierons de vents constants – sauf les matins et soirs - ce qui nous donnera une direction générale se rapprochant de celle de notre objectif...






Les journées sont belles et ensoleillées, la pêche est infructueuse sans doute à cause du courant, il est difficile d'attraper une guitare dans cette ambiance de bombardement permanent donc chacun se plonge dans la lecture lors des périodes de repos ( Aventures d'Arkadi Renko pour l'une et celles d'Harry Bosch pour l'autre). Nous sommes au près et même si nous nous félicitons de ne pas avoir de gite inconfortable, la préparation de la nourriture est simplifiée – mais bonne - comme le reste des activités du bord pendant ces périodes de longues navigations.
Le quatrième matin, nous sommes en vue de la "Pointe à Gravois". Le courant que nous avions eu jusqu'ici se transforme peu à peu en contre-courant au fur et mesure que nous approchons des côtes.



Notre trajectoire est encore parallèle à ces dernières car nous devons passer la pointe avant de changer de cap, le vent n'est pas fort mais nous prenons un ris – le deuxième – en prévoyant un radical changement de conditions une fois arrivés à la pointe. De plus nous sommes au petit matin et la sérénade météo n'est pas encore arrivée et les nuages noirs ont décidé de restés installés au niveau de la pointe. Je vois l'arrivée de ce contre-courant d'un mauvais œil, d'un coté, certes, il nous aide à avancer mais de l'autre,  une fois passé l'abri de la pointe nous aurons un cocktail "vent face au contre-courant" qui  risque de produire une mer difficile.

Une bonne et une mauvaise nouvelle : la bonne, je ne me suis pas trompé dans mes prévisions, la mer est belle et bien démontée, la mauvaise ... pareil, la mer est démontée et difficile à passer. Le récif est encore loin, mais on voit déjà l'écume des lames qui se fracassent contre les hauts-fonds. Nous appelons Mr et Mme Volvo à la rescousse puis je capelle le ciré et prends la barre, sous la pluie et un ciel plombé. Le Finistère l'hiver je ne m'en lasse pas !

Approche de la Pointe à Gravois ...

Un solide petit déjeuner à été pris avant le passage de la pointe aussi, nous pouvons conserver cette allure pendant des heures. Puis soudainement tout se calme, en un clin d'oeil, la mer s'aplanit, le vent tombe, le courant aussi et nous revient même un peu dans le nez et les nuages du matin se déchirent et partent au loin. Le ciel reste grisouille mais la lumière monte de plusieurs nuances de gris d'un coup.
Nous embouquerons le chenal menant à la Baie des Cayes entre la pointe Carrefour à terre et la pointe des Baleines sur l'Ile-à-Vache qui se dévoile avec une pointe de soleil dans le sourire. Trois jours pil-poil de navigation, pas de record de vitesse sur ce coup là, mais vues les conditions on est content d'arriver, de plus, l'île est belle et prometteuse ...

Les petites bonheurs de la navigation ...

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