vendredi 4 mars 2016

L'Île à Vaches, paradis perdu ...

Arrivée à l'Ile a Vache...
Nous abattons légèrement et choquons les écoutes, le bateau respire enfin et est heureux de galoper librement. Nous longeons ainsi la côte sous le vent de l’île à Vache en évitant les casiers à langoustes, les filets et les pêcheurs eux-même. Ces pêcheurs, aux embarcations rustiques et instables déploient des surfaces de voiles déraisonnables par rapport à la largeur de leur coque et leur moyen de contrer leur dérive... donc ils dérivent beaucoup. Cela ne leur empêche pas de partir loin – une dizaine de milles – pour aller chercher un poisson qui se laissera attraper dans leurs maigres filets. En effet, peu de "gros" mais plutôt de la friture.

Cette île est belle, des palmiers, des collines verdoyantes, des plages de sable blanc, une eau turquoise...Cela pourrait même être un véritable paradis sans les tempêtes et les cyclones qui viennent régulièrement balayer le pays et anéantir ses habitants. Nous arrivons à petite vitesse dans la baie de Feret, les fonds sont variables en profondeur et en tenue, nous traînons déjà une ribambelle de gamins sur "pirogue" et autres EFNI – engins flottants non identifiés – qui s’accrochent au bateau pour nous proposer leurs services comme guides ou voulant décrocher un petit boulot type nettoyage de bateau ou toute autres taches convenant à un boat-boy.

Les pêcheurs reviennent ou partent relever leurs filets et casiers...

Nous mouillons l'ancre dans quelques mètres d'eau puis il nous faudra être courtois mais fermes pour se débarrasser de nos gentils petits amis flottants parfois à l'oreille difficile. Après une bonne et longue sieste réparatrice nous re-découvrons l'endroit ou nous sommes. La baie est calme et paisible, la musique et les rires cristallins des enfants se propagent sur l'eau, le soleil se prépare à se coucher, les pêcheurs rentrent au bercail à la voile et nous proposent poissons frais et langoustes au passage. Plus tardivement, un verre de vin blanc bien frais à la main et les langoustes sur le grill du bbq, nous oublions peu à peu nos longues heures de navigation contre les vents...

Jingle au mouillage...

Ici aussi, les vents sont capricieux et le lendemain les bourrasques d'un grain fera déraper deux de nos voisins et nous fera modifier notre emplacement pour être mieux protégés, nous en profiterons pour ajouter 20m de chaîne et ainsi dormir tranquilles car une petite semaine de vents assez forts de secteur Est est prévue. Nous choisirons parmi les multiples et répétitives offres, parfois agaçantes il faut le reconnaître, "notre" boat-boy qui se chargera de tout ce dont nous aurons besoin. En fait nous n'avons pas besoin de grand-chose, nous avons du poissons et des langoustes avec les pêcheurs, mais il nous trouvera quelques tomates, des bananes, des œufs...

Jingle s'interroge sur l'équilibre ...

Il nous conduira aussi au marché du jeudi qui à lieu au village principal "Madame Bernard" situé à deux heures de marche agréable le long d'un sentier allant de village en village. Pas de voitures sur cette île, quelques petites motos servent à tout, taxi et transport de marchandises. Peu de marchandises toutefois car l'île et ses habitants sont très (très) pauvres. Ils n'ont rien et de toutes façons rien n'est disponible. Seuls fruits, légumes, viande et poisson, puis un strict minimum de vaisselle et autres fournitures pour la vie courante sont présentés sur les étals sous le soleil du marché. Pour ceux habitués à l'Afrique, l'ambiance n'est pas si dépaysante, le bétail est famélique, le sol couvert de plastique, les enfants rient et jouent, de jeunes chiots les suivent, les poules courent après leurs poussins et les cochons grognent dans leur boue... comme autrefois.

Un nouveau jour commence ...


Est venu le temps, pour nous, de penser aux différentes stratégies – passer au large ou longer les côtes -  pour parcourir les 500 prochains milles, soit de l'Ouest de Haïti ou nous sommes, passer la République Dominicaine, franchir le Mona Passage et enfin passer Porto-Rico. Pourquoi cela représente-t-il un "tout", c'est parce-que ces prochaines navigations vont se ressembler. Nous serons toujours contre les vents, mais le long des côtes. Ce "cabotage" va nous permettre une navigation thermique, en effet nous allons utiliser les effets de brise de terre – ou effets catabatiques – pour contrecarrer les vents dominants. Comme les marins le savent, ces brises catabatiques qui descendent des montagnes apparaissent au coucher du soleil et s'estompent avec l'apparaition de celui-ci. Vous l'aurez compris, cela impose des navigations essentiellement de nuit et avec des vents dominants inférieurs ou égaux à ces brises... à nous donc de trouver des abris jalonnant notre route...


Nouveau mouillage dans 10m d'eau...

Nettoyage du coude d'échappement et révision moteur...

Image devenue quotidienne à l'Ile a Vache ...


Labour à la charrue à boeuf...

Ces bateaux, plus grands demandent plus d'entretien et sont donc abandonnés ...




En allant vers le marché ...

Constructions et couleurs traditionnelles ...

Pourquoi "ile à vaches" ??? Comptez bien, il y en a au moins 6 dans ce bateau en partance ...


1 commentaire:

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