Nous resterons dans la baie de Salinas
pendant une semaine complète. Quand on entend "baie" on pense être à l'abri. Là, non. Pas de mer mais un effet venturi
venu des collines voisines nous offre un vent soutenu et permanent de
20 à 25 noeuds avec rafales à 30, tout le temps, tout le temps,
tout le temps ... La tenue des fonds du mouillage n'étant pas
excellente ( un catamaran voisin est même parti s'échouer un jour
de grosses rafales) nous ne quittions le bateau que très rarement et
pour de courtes durées. Mais le bruit permanent de ce vent avec un
demi-stress de dérapage ne nous reposait pas... Hélas, il fallait
attendre une fenêtre météo avec des vents plus calmes pour enfin
quitter cet endroit.
Nous surveillons de près les
prévisions météos et les fichiers grib sont étudiés
soigneusement. Le but du jeu est de rejoindre l'Île de Saona à 100
milles à l'Est. Puis vient le moment ou les prévisions sont
suffisament clémentes et le vent bien orienté pour nous faire
longer la péninsule de Bani puis traverser la baie de Santo Domingo.
Une brise de 12 noeuds devrait nous faire avancer au bon plein avec
quelques bords "aveugles" pour conserver le cap si nous
dérivons de trop ou si le vent refuse un peu mais ce devrait être
une navigation confortable, sure et plaisante.
Nous partons le soir vers 19h00 pour y
voir suffisament clair afin de zigzaguer entre les récifs et les
hauts-fond de la sortie de la baie de Salinas mais aussi pour
bénéficier des accalmies de la nuit. Le vent est encore un peu fort
mais il "doit" se calmer ... Nous sommes encore à l'abri
de la côte sur 2 milles, mais une fois passé la pointe nous sommes
accueillis par 18 noeuds, puis une heure plus tard 20 noeuds avec
rafales à 22/24... de face ! Nous voilà donc en train de tirer des
bords de près serré, dans 20 noeuds établis avec une mer qui, elle
aussi, s'est bien établie genre houle-courte-qui-vient-bien-taper. A
bord c'est ambiance "combat" avec équipement de combat au
complet, normal, c'est la guerre ! Nous en étions à un stade ou
nous attendions des "molles " sous la barres des 20 noeuds
pour effectuer nos manoeuvres de virement de bord :
" - Y'a combien ?
- 22 ...
- Réels ou apparents ?
- Réels...
- Bon, on attend encore ...
- La côte approche...
- Je sais ...
- ...
- Y'a combien là ?
- Ca se calme y'a 19
- 19 ? C'est bon on vire ! "
Nous faisons 30 milles dans ces
conditions, en 7 heures ...
Il est 2 heures du mat' quand le vent
se calme (un peu) puis avec l'effet de pointe il s'oriente "mieux",
nous pouvons faire un route dans le 100 (pour 90). Heureusement car
le passage Est de la pointe est aussi très (très) fréquenté par
les cargos. A un moment donné, notre AIS nous annonce même plus de
32 cargos et pétroliers (dont certains en manoeuvrabilité
restreinte donc prioritaires) dans la zone dans laquelle nous
évoluons ...
Zig et zag sont dans un bateau ... |
Un peu plus de 20 milles plus tard, le
vent sera pris de folie avec le jour qui se lève. On lui a demandé
d'aller consulter depuis car son instabilité nous inquiétait
vraiment. Il nous faisait des variations de force de 10 noeuds et
directions de 40° qui le rendait très difficile à suivre...
Après une période "zigzaguante"
nous avons opté pour un bord à terre, en fait nous avons obéis à
une belle et longue adonnante que l'on ne refuse pas dans ces
conditions. Nous espérions que la mer se calmerait un peu en
arrivant dans le creux de la baie, mais non! On est là pour en ch...
on va en ch... jusqu'au bout ! En effet, nous sentions déja les
effets de la houle du tristement célèbre "passage de Mona"
qui sépare la Republique Dominicaine de Porto-Rico.
A la tombée de la nuit – oui, cela
fait 24 heures que nous naviguons – nous tirons quelques bords près
de l'île Catalina, les refusantes les rendront désastreux mais nous
arriverons tout de même à trouver la route nous menant à l'île
Saona, notre destination initiale.
Nous arrivons près des côtes tant
attendues et désirées vers 1 heure du matin, l'approche est
franche, nous mouillons par 8m de fond de sable avec 50 mètres de
chaine. Nous grignoterons un petit morceau le temps de voir si
l'ancre tient malgré les rafales qui n'ont pas cessées depuis nous
sommes partis, puis nous irons au lit après une bonne douche bien
chaude ... Nous nous sommes bien battus pour gagner quelques 110
milles vers l'Est en en parcourant 154 à une moyenne de 5 noeuds au
près sérré, les manoeuvres de réduction de voilure et de virement
de bord ont été nombreuses. Les prévisions météo ont été plus
érronnées que jamais, mais cela fait partie des joies de la nature,
on va dire ...
L' île Saona le matin... |
Bon, pour notre prochaine étape, nous
devons franchir le "passage Mona" pour rejoindre Porto Rico
et là, ce serait bien que Monsieur Météo ne se trompe pas... On
attend donc une "vraie" accalmie pour traverser. L'avantage
d'être à Saona – peu protégée des vents dominants – est que
nous avons la météo "réelle" en direct, on devrait avoir
moins de surprises ...
L' île Saona le soir ... |
Encore une fois heureusement que les informations détaillées ne nous sont pas données en direct. Région à ne pas conseiller ? On vous espère de prochaines étapes plus sympathiques. Maryvonne
RépondreSupprimerC'est plus impressionnant à lire qu'a vivre :)
SupprimerJe sais pas vous...mais moi je suis é-pui-sée d'avoir lu ce récit surventilé....j'vais m'coucher ! biz de Syb
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