Un moteur dans le sac... On s'approche
de Cape May...
Plusieurs obstacles se présentent
devant nous, le premier est juste après la sortie de l'embouchure du
Delaware. Les 4 a 5 noeuds de courants lors du jusant ont créé de
superbes bancs de sable qui guettent le marin imprudent par 20 à 60
cm sous le niveau de l'eau. Ils ne sont pas repérés sur les cartes
et seuls les violents remous et l'écume permet de distinguer les
zones entre lesquelles il faut zigzaguer... avec un seul moteur.
Nos voisins ... La SNSM américaine ... les USCG ou amicalement les "Coasties"... |
Nous avons des ennuis mais c'est beau quand même ... |
Nous nous remettons rapidement de nos
émotions devant nos assiettes, puis téléphonons au mécanicien.
Celui-ci nous explique qu'il ne fait pas d'intervention "hors
marina" et nous devons donc trouver un eplac et ensuite il
déplacera quelqu'un. On s'y attendait, nous embarquons dans l'annexe
avec la ferme intention de trouver une place dans les 4 ou 5 marinas
de Cape May. Dès la première nous comprenons qu'une galère ne
vient jamais seule, il n'y a pas de place (ce qui est étonnant pour
une marina américaine) car nous sommes à la veille du "Fishing
Tournament World Championship". Epreuve de pêche sportive
comptant pour les championnats du monde c'est le plus grand
rassemblement de pêcheurs de toute la cote Est des Etats-Unis, le
Rolland-Garros de la pêche, 3000 dollars d'inscription, tous les
champions seront présents, ça dure 4 semaines et plus de 1000
bateaux arrivent le lendemain et ont réservé depuis 1 an des places
à 6 à 8 dollars le pied (contre 2 habituellement). La tuile. Ça
doit être sympa mais quand on cherche une petite place pour faire
réparer son moteur ce n'est plus une tuile, c'est un parpaing, un
menhir !
On tente quand même notre chance, sans
succès jusqu'à la dernière marina, un peu à l'écart de la ville,
après le port de pêche professionnelle, il faut passer un pont
basculant. C'est une ancienne marina qui vient de ré-ouvrir suite à
un rachat et tout n'est pas encore au point, le prix sera donc de
1,30 dollars le pied (jamais vu aussi bas pour un cata!). Nous
attendons le lendemain car une brise s'est levée et nous ne pouvons
pas manœuvrer.
La vue de notre chambre, coté mer ... |
Dès le lendemain, nous appareillons
après quelques circonvolutions dans le chenal pour atteindre notre
vitesse de contrôle de trajectoire soit 3 noeuds puis contactons
l'opérateur du pont en lui expliquant que nous sommes en panne de
moteur et que nous ne pouvons pas ralentir. Il comprend et nous
demande de venir en vue du pont et qu'il fera le nécessaire à notre
arrivée. Nous faisons donc route vers le pont, les piles sont
écartées de 11 m soit 2m de chaque coté, c'est faiblard mais ça
doit passer. Nous avançons vers le pont fermé, 3 noeuds de vitesse
plus 2 noeuds de courant, c'est à 5 noeuds que nous nous dirigeons
vers le pont fermé qui reste fermé, qui reste fermé et et qui
reste fermé pour finalement s'ouvrir au moment ou j'allais faire
demi-tour pour ne pas guillotiner le mat contre le tablier du pont,
comme si j'avais besoin d'accélérations cardiaques supplémentaires.
Des remous sont visibles près des piles du pont, nous devons restés
dans l'axe... nous restons dans l'axe et ça passe finalement assez bien. Juste
une goutte de sueur qui me descend dans le dos.
Nous devons maintenant manœuvrer pour
venir nous mettre a notre place à la marina, le courant est avec
nous, le vent contre. Le Dockmaster, Glenn, est un Coast Guard en
retraite et connait son boulot. Un dérapage plus ou moins contrôlé
et nous nous laissons dériver vers le ponton entre un bateau de
sport et un portique en ferraille tout rouillé. Y'a pas beaucoup
mais ça passe. Jingle est amarré, serrage de pogne avec Glenn qui se révèle être super sympa en plus d'être compétant. C'est lui
qui nous emmènera faire des courses avec sa voiture perso et nous
donnera tous les détails pour que notre séjour se déroule au
mieux.
Pour l'instant, moteur et mécanique sont la priorité.
Le mécano arrive dans l'après-midi et commence son travail, le soir
le moteur est ouvert et la culasse est embarquée à l'atelier pour contrôle.
Nous sommes vendredi, rien n'avancera
avant lundi mécaniquement parlant, alors ... demain nous
enfourcherons nos vélos pour visiter Cape May ... :)
Heureusement que nous lisons çà après coup, mais quand même les pulsations sont un tantinet plus rapides !!
RépondreSupprimerOn croise les doigts ....
Bizzz
Anick
Bon ben ça y-est le porte avion est posé, à lire ton post, on a déjà l'impression de t'entendre beugler à la manoeuvre, ça du être chaud... Encore une fois, merci de partager ces moments d'adrénaline...
RépondreSupprimerBises à Sandrine et tient nous au courant pour le moteur (quête, souscription pour les réparations !).
Re-bises
Au fait, y z'ont pas des p'tits noms vos moteurs a vous?
RépondreSupprimerC'est p'tetre pour ca, remarque, ils ont pu se sentir mal-aimes...
Bon, eh bien Nestor envoie le bonjour a ses congénères... et nous on vous envoie tout plein de soutien moral!
Bisous!
Les Saltimbanques, en mode "ronds dans l'eau en face de Brighton"
PS: bien pense, le coup de la panne... mais avoue, Eric, le World Fishing Championship... c'est pas un hasard, hein!? ;-)
Nous savions que les moteurs n'étaient pas éternels mais l'endroit semble mal choisi.
RépondreSupprimerVolvo c'est du solide et le mécano américain du costaud. Nous attendons la suite avec impatience.
Vous embrassons très, très fort
Maryvonne
@ Maman: pas de soucis à avoir, je m'en suis fais assez comme ça <3
RépondreSupprimer@ Pascal: Putain, que j'aime pas quand c'est chaud comme ça, bordel ! :D
@ Saltimbanques: je pensais à Ducont et Ducond ... mais ils vont m'en vouloir... alors on cherche toujours un petit nom ... Je me reserve le "vrai" coup de la panne pour autre chose qu'un championnat de pêche, aussi World machin soit-il :)
@ Belle Maman: la suite bientôt ...
Comment dit-on déjà ? Oups ? C'est dans ces moments là qu'on se dit qu'on aurait mieux fait de se casser une jambe plutôt que de choisir cette vie, non ?
RépondreSupprimerCela dit, passer outre ce nœud à l'estomac et ces sueurs froides, ça fait un bien fou ! après !