vendredi 16 août 2013

Cape May, atterissage d'urgence ...

Un moteur dans le sac... On s'approche de Cape May...
Plusieurs obstacles se présentent devant nous, le premier est juste après la sortie de l'embouchure du Delaware. Les 4 a 5 noeuds de courants lors du jusant ont créé de superbes bancs de sable qui guettent le marin imprudent par 20 à 60 cm sous le niveau de l'eau. Ils ne sont pas repérés sur les cartes et seuls les violents remous et l'écume permet de distinguer les zones entre lesquelles il faut zigzaguer... avec un seul moteur.

Nos voisins ... La SNSM américaine ... les USCG ou amicalement les "Coasties"...

Puis nous nous dirigeons vers le chenal d'accès à la zone protégée de Cape May. Très (beaucoup trop) étroit et long de 2km il est bordé d'enrochement qui interdisent toute fantaisie, le vent qui jusqu'ici s'est stabilisé à moins de 5 noeuds monte étonnamment en rafale heureusement dans l'axe. Deux noeuds et demi de courant créent un bouillonnement important à l'entrée et pour couronner le tout une douzaine de dauphins viennent se mêler à la fête, je crois avoir des hallucinations. Le bateau fait des amorces de 360° et de glissement latéraux, tout ce que je craignais, puis tout se calme comme par enchantement, nous avons passé la "porte d'entrée". Ne reste plus qu'a conserver notre cap en ligne parfaitement droite jusqu'à l'intérieur. Nous irons mouiller à proximité des US Coast Guards, le courant est toujours important à l'intérieur mais le fond est bon et ça pioche tout de suite.
Nous avons des ennuis mais c'est beau quand même ...
Nous nous remettons rapidement de nos émotions devant nos assiettes, puis téléphonons au mécanicien. Celui-ci nous explique qu'il ne fait pas d'intervention "hors marina" et nous devons donc trouver un eplac et ensuite il déplacera quelqu'un. On s'y attendait, nous embarquons dans l'annexe avec la ferme intention de trouver une place dans les 4 ou 5 marinas de Cape May. Dès la première nous comprenons qu'une galère ne vient jamais seule, il n'y a pas de place (ce qui est étonnant pour une marina américaine) car nous sommes à la veille du "Fishing Tournament World Championship". Epreuve de pêche sportive comptant pour les championnats du monde c'est le plus grand rassemblement de pêcheurs de toute la cote Est des Etats-Unis, le Rolland-Garros de la pêche, 3000 dollars d'inscription, tous les champions seront présents, ça dure 4 semaines et plus de 1000 bateaux arrivent le lendemain et ont réservé depuis 1 an des places à 6 à 8 dollars le pied (contre 2 habituellement). La tuile. Ça doit être sympa mais quand on cherche une petite place pour faire réparer son moteur ce n'est plus une tuile, c'est un parpaing, un menhir ! 

 On tente quand même notre chance, sans succès jusqu'à la dernière marina, un peu à l'écart de la ville, après le port de pêche professionnelle, il faut passer un pont basculant. C'est une ancienne marina qui vient de ré-ouvrir suite à un rachat et tout n'est pas encore au point, le prix sera donc de 1,30 dollars le pied (jamais vu aussi bas pour un cata!). Nous attendons le lendemain car une brise s'est levée et nous ne pouvons pas manœuvrer. 

La vue de notre chambre, coté mer ...

Dès le lendemain, nous appareillons après quelques circonvolutions dans le chenal pour atteindre notre vitesse de contrôle de trajectoire soit 3 noeuds puis contactons l'opérateur du pont en lui expliquant que nous sommes en panne de moteur et que nous ne pouvons pas ralentir. Il comprend et nous demande de venir en vue du pont et qu'il fera le nécessaire à notre arrivée. Nous faisons donc route vers le pont, les piles sont écartées de 11 m soit 2m de chaque coté, c'est faiblard mais ça doit passer. Nous avançons vers le pont fermé, 3 noeuds de vitesse plus 2 noeuds de courant, c'est à 5 noeuds que nous nous dirigeons vers le pont fermé qui reste fermé, qui reste fermé et et qui reste fermé pour finalement s'ouvrir au moment ou j'allais faire demi-tour pour ne pas guillotiner le mat contre le tablier du pont, comme si j'avais besoin d'accélérations cardiaques supplémentaires. Des remous sont visibles près des piles du pont, nous devons restés dans l'axe... nous restons dans l'axe et ça passe finalement assez bien. Juste une goutte de sueur qui me descend dans le dos.

Nous devons maintenant manœuvrer pour venir nous mettre a notre place à la marina, le courant est avec nous, le vent contre. Le Dockmaster, Glenn, est un Coast Guard en retraite et connait son boulot. Un dérapage plus ou moins contrôlé et nous nous laissons dériver vers le ponton entre un bateau de sport et un portique en ferraille tout rouillé. Y'a pas beaucoup mais ça passe. Jingle est amarré, serrage de pogne avec Glenn qui se révèle être super sympa en plus d'être compétant. C'est lui qui nous emmènera faire des courses avec sa voiture perso et nous donnera tous les détails pour que notre séjour se déroule au mieux.

Pour l'instant, moteur et mécanique sont la priorité. Le mécano arrive dans l'après-midi et commence son travail, le soir le moteur est ouvert et la culasse est embarquée à l'atelier pour contrôle.

Nous sommes vendredi, rien n'avancera avant lundi mécaniquement parlant, alors ... demain nous enfourcherons nos vélos pour visiter Cape May ... :)

6 commentaires:

  1. Heureusement que nous lisons çà après coup, mais quand même les pulsations sont un tantinet plus rapides !!
    On croise les doigts ....
    Bizzz
    Anick

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  2. Bon ben ça y-est le porte avion est posé, à lire ton post, on a déjà l'impression de t'entendre beugler à la manoeuvre, ça du être chaud... Encore une fois, merci de partager ces moments d'adrénaline...
    Bises à Sandrine et tient nous au courant pour le moteur (quête, souscription pour les réparations !).
    Re-bises

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  3. Au fait, y z'ont pas des p'tits noms vos moteurs a vous?
    C'est p'tetre pour ca, remarque, ils ont pu se sentir mal-aimes...
    Bon, eh bien Nestor envoie le bonjour a ses congénères... et nous on vous envoie tout plein de soutien moral!

    Bisous!

    Les Saltimbanques, en mode "ronds dans l'eau en face de Brighton"

    PS: bien pense, le coup de la panne... mais avoue, Eric, le World Fishing Championship... c'est pas un hasard, hein!? ;-)

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  4. Nous savions que les moteurs n'étaient pas éternels mais l'endroit semble mal choisi.
    Volvo c'est du solide et le mécano américain du costaud. Nous attendons la suite avec impatience.
    Vous embrassons très, très fort
    Maryvonne

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  5. @ Maman: pas de soucis à avoir, je m'en suis fais assez comme ça <3

    @ Pascal: Putain, que j'aime pas quand c'est chaud comme ça, bordel ! :D

    @ Saltimbanques: je pensais à Ducont et Ducond ... mais ils vont m'en vouloir... alors on cherche toujours un petit nom ... Je me reserve le "vrai" coup de la panne pour autre chose qu'un championnat de pêche, aussi World machin soit-il :)

    @ Belle Maman: la suite bientôt ...

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  6. Comment dit-on déjà ? Oups ? C'est dans ces moments là qu'on se dit qu'on aurait mieux fait de se casser une jambe plutôt que de choisir cette vie, non ?
    Cela dit, passer outre ce nœud à l'estomac et ces sueurs froides, ça fait un bien fou ! après !

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